La nature, c’est d’abord le milieu physique, l’écosystème, indépendamment des transformations opérées par l’homme, qui relèvent de la culture. On retiendra ici cette autre acception, d’ailleurs proche de la précédente : la nature humaine correspond à un ensemble d’éléments et de comportements innés, héréditaires et spontanés.
Si, au sens biologique, on peut parler de nature humaine, qu’en est-il au sens psychologique ? Et métaphysique ? Que devons-nous vraiment à l’inné, au génotype ? Le noir, le blanc, le jaune ont-ils la même nature ?
La nature comme essence
Dans l’Ancien Testament, la nature humaine est présentée comme essence, fond commun à tous les êtres et voulu par Dieu. Les philosophes spiritualistes ont repris, développé est parfois modulé cette conception fondée sur le péché originel et le dualisme : l’homme serait fait de l’union d’une âme, principe immatériel, et d’un corps, principe matériel.
Est-il bon ? Est-il méchant ?
Pour Hobbes, dans l’état de nature, l’homme est un loup pour l’homme, d’où la nécessité du Léviathan, Etat absolu qui protège les hommes contre eux-mêmes. Rousseau, au contraire imagine un « homme sauvage » obéissant à un « principe de conservation » et à un principe de « pitié » : ce bon sauvage, être sensible, répugne à voir souffrir autrui, il est naturellement bon. Hélas ! la faculté de se perfectionner dont il fut aussi doté, l’a conduit à créer la société civile où le meilleur côtoie le pire.
De Rousseau à Freud
La psychanalyse admet l’existence d’une nature humaine faite de pulsions, dichotomiques : Eros ‘pulsion sexuelle de vie) contre Thanatos ‘pulsion de mort). Elle systématise les contradictions perçues par Rousseau entre la propension à l’amour et à la solidarité et les tendances destructrices qui expliquent la violence et la guerre.
De Kant aux données scientifiques actuelles
Kant pensait que l’enfant, à sa naissance, bénéficie de « cadres a priori » innés : les « formes de la sensibilité », c’est-à-dire l’appareillage perceptif, et les « catégories de l’entendement » ou les principes de la raison et de l’intelligence. Lévi-Strauss reprend à Kant la notion d’un inconscient d’ordre, commun à tous les hommes, « architecture logique » qui a permis l’édification de toutes les cultures.
J. Monod et F. Jacob ont insisté sur la programmation génétique du langage et des apprentissages. L’homme naîtrait doté de structures complémentaires : celles de la perception et celles permettant l’acquisition du langage et de la pensée.
Un sapiens / demens
Pour E. Morin, la démesure, ce que les Grecs appelaient « ubris », est bien dans notre nature. D’où ce côté « demens » de l’homme, être pulsionnel de désirs, de fantasmes et de délires. Mais ce désordre, l’homme sait le transformer en ordre, le rationaliser : c’est son côté « sapiens ».