Vêtements

Industrie de masse, mais aussi produit unique et de luxe, le vêtement est chargé de signes et de fonctions contradictoires. Est-il un moyen d’appartenance ou d’individualisation ?

 

 

Les fonctions du vêtement

bullet Une fonction de protection : le vêtement a pour fonction primaire de protéger le corps de toutes agression extérieure. Mais il a surtout une fonction expressive. Ses nombreux signes (nature du textile, motifs, couleur, coupe, dimension, coût, degré d’originalité et de rareté) constituent un code.

 

 

bullet Une fonction d’appartenance : dans les sociétés traditionnelles, le vêtement est le signe d’une appartenance à un groupe : le pays (kimono au Japon, sari en Inde), la région (coiffes alsaciennes ou bourguignonnes), le sexe (pantalon / robe au 19ème siècle), l’âge (culottes courtes des garçonnets, longues pour les adolescents et adultes), le statut social (col blanc et bleu de travail). Il est (ou était) à lui seul une véritable carte d’identité. Ainsi tout individu qui cherche à se démarquer d’un groupe va d’abord décaler ses apparences vestimentaires. Tout groupe qui veut exclure un individu lui assigne un vêtement différent. Les rayures (réservées aux bagnards) ont joué ce rôle depuis le moyen-âge.

 

 

bullet Une fonction sociale : il peut encore indiquer la profession : toque et tablier blancs du cuisinier. Il marque la ritualisation d’événements marquants et majeurs de la vie : baptême, mariage, deuil et événements exceptionnels. Il exprime aussi l’appartenance à un parti politique, une idéologie : vêtements noirs des anarchistes. Enfin, dans toutes les civilisations, prêtres, juges et soldats portent un vêtement distinctif, chargé de valeurs symboliques fortes.

 

 

bullet Une fonction sexuelle : ambivalent, il sert à dissimuler les parties sexuelles du corps, mais aussi à les mettre en valeur et à tenir la curiosité sexuelle en éveil : décolletés, pantalons serrés, jambes mises en valeur, muscles sous un maillot. Plus subtilement, il joue avec les interdits, le dévoilement sans montrer et la suggestion.

 

 

La signification actuelle du vêtement

 

Aujourd’hui, le vêtement suit les évolutions de la société : il se mondialise, il se libéralise, il s’individualise.

 

bullet La mondialisation : le développement des transports, des échanges commerciaux, touristiques et médiatiques, des multinationales de l’habillement entraînent sur toute la planète des interactions culturelles et donc des ressemblances vestimentaires. De jeunes indiennes et japonaises portent parfois des jeans tandis que jeunes européennes suivent la tendance multiculturelle, mélange hardi de vêtement du monde entier.

 

 

bullet L’individualisation : d’autre part, moins soumis à la pression sociale, et désireux de se libérer des conventions traditionnelles, les individus s’habillent plus librement. Certains cherchent même une voie totalement personnelle en découvrant la pièce rare, voire unique. A contrario, d’autres adoptent une tenue neutre, faite de produits basiques pour respecter les usages des nombreux groupes auxquels ils appartiennent. L’habillement est donc devenu polymorphe et il est plus difficile d’en déchiffrer les signes dans la mesure où sa signification n’est plus univoque.

 

Le vêtement et la mode

bullet La mode est éphémère : la mode a pris le relais de la coutume, mais elle est plus passagère. Suivre la mode, c’est encore affirmer son statut social. En effet, chacun adopte la mode caractéristique de son milieu. Cela induit une dialectique complexe du conformisme et de l’anticonformisme.

 

 

bullet La mode et les statuts sociaux : suivre la mode, c’est affirmer son statut social. Par la mode, une classe sociale tend à se distinguer de la classe inférieure ; mais cette dernière s’efforce de l’imiter, ce qui pousse la première à évoluer pour maintenir la distinction. On constate d’ailleurs que la publicité destinée aux classes supérieures insiste sur l’originalité des produits (haute couture) alors que celle qui s’adresse aux classes populaires en souligne au contraire la conformité (prêt-à-porter).

 

 

La mode et l’économie

 

bullet L’industrie de la mode : la mode se développe avec la société industrielle pour plusieurs raisons. D’abord, la production en masse d’objets à prix réduit permet le renouvellement rapide qu’exige la mode. De plus, l’économie repose sur le développement maximal de la vente, donc sur les achats fréquents avec péremption rapide des produits. La mode correspond exactement à ce genre de marché.

 

 

bullet La mode et la consommation : mais le jeu est plus subtil encore : comme il faut prévoir et contrôler la vente des produits pour éviter des surproductions catastrophiques, il existe des milieux professionnels, relayés par les médias, qui lancent les modes et orientent les engouements. La mode est donc fortement liée à la société de consommation.

 

 

Le vêtement et l’innovation

 

Au troisième millénaire, apparaissent de nouveaux produits textiles qui remplissent d’autres fonctions. Certains peuvent véhiculer des cosmétiques. C’est le cas de collants aux vertus hydratantes ou amincissantes. D’autres, biosensoriels, valorisent le bien-être. Textiles de confort, ils maintiennent le corps à la même température, permettent à la peau de respirer tout en étant imperméables, ou encore diffusent un parfum. Enfin, d’autres, communicants, facilitent l’accès au téléphone ou à l’écran. Par exemple, un tee-shirt instrumenté permet de mesurer en permanence le rythme cardiaque, respiratoire et la pression artérielle.