Ethique biomédicale

Depuis quelques décennies les techniques médicales et biologiques ont progressé au point de pouvoir agir sur la naissance et la mort des êtres vivants. Le problème du respect de la vie humaine se pose donc en des termes nouveaux et questionne la morale sur les limites à fixer aux expériences et applications de la biomédecine.

 

 

Est-il actuellement possible de parvenir à un consensus qui permettrait à chacun de savoir quelles sont les pratiques moralement acceptables et celles qui ne le sont pas ? Rien n’est moins sûr.

 

 

Le champ des nouvelles techniques

 

La maîtrise scientifique de la naissance (contraception et fécondation in vitro)  permet d’empêcher la fécondation ou de proposer une fécondation artificielle, de modifier un bagage héréditaire (tri d’embryons, manipulation génétique), d’interrompre un développement intra-utérin (avortement) ou de le réaliser artificiellement (mère porteuse). L’action est aussi possible sur la mort : des êtres qui autrefois étaient déclarés décédés sont maintenus en vie, même en état de coma dépassé.

 

Ces nouvelles pratiques sont-elles moralement acceptables ?

 

Actuellement aucun consensus n’existe. Trois grandes orientations se dégagent  des débats :

 

·         Les inconditionnels de la science pensent qu’aucune règle morale dictée de l’extérieur ne doit entraver la recherche ; la connaissance est la valeur première. Mais c’est donner beaucoup de pouvoir aux savants.

 

·         Les partisans d’une stricte morale individuelle estiment que le choix doit être laissé à chacun ; aucune limitation collective ne doit gêner ce libre choix de l’individu. Mais c’est relativiser et individualiser la morale à l’excès.

 

·         Au contraire, d’autres pensent que la communauté humaine passe avant l’individu, qui doit respecter les prises de position de cette communauté pour ne pas courir le risque de porter atteinte à la dignité humaine. Mais le choix collectif d’une morale exclut nécessairement d’autres morales ce qui n’est guère envisageable dans nos sociétés éthiquement pluralistes.

 

Accords et désaccords

 

Le premier clonage d’un mammifère adulte (la brebis Dolly , en 1997, d’ailleurs depuis décédée) a relancé la polémique sur l’application d’une telle technologie à l’espèce humaine. Les annonces provocatrices de la secte des Raéliens en Janvier 2003 quant à la naissance d’un bébé cloné n’ont pas été suivies de preuves concrètes.

 

Les quarante états membres du conseil européen se sont dotés d’une convention sur les droits de l’espèce humaine et la bioéthique (de bio : vie et éthique : morale) qui condamne fermement les clonages humains. Ce texte est le premier texte international contraignant en matière bioéthique . mais la communauté internationale reste divisée. Aux Etats-Unis où les lois sont très libérales en matière de manipulation génétique, le clonage humain était encore théoriquement licite en 1997. des voix s’élèvent un peu partout dans le monde pour que l’ONU soit saisie et élabore une législation internationale univoque. Une réglementation mondiale semble d’autant plus nécessaire que cette technologie semble se développer et attirer de plus en plus de gens.

 

La difficulté de légiférer

 

Deux types de contraintes s’imposent à tout chercheur :

bullet Une contrainte morale qui est un choix individuel
bullet Une contrainte légale qui est une obligation collective

 

Depuis une dizaine d’années, de nouvelles lois, visant à répondre aux interrogations et aux craintes générées par les nouvelles pratiques biomédicales ont été adoptées.

 

 C’est ainsi qu’en France, en 2003,le sénat a refusé de légaliser le clonage thérapeutique. Mais l’application de lois restrictives se heurte à deux difficultés :

 

bullet L’absence d’unité au plan international
bullet

Les pressions exercées par ceux qui se sont lancés dans la marchandisation du vivant.

 

La véritable question engendrée par cette évolution biotechnologique touche à la nature même des relations que nous entretenons avec la vie : devons-nous lui reconnaître une valeur fondamentale ou une simple valeur marchande ?