Fiche 8 : Les fonctions du langage

Les linguistes ont établi un schéma qui expose très bien le phénomène pourtant complexe de la communication. Toute situation de communication peut être ainsi détaillée :

 

·      Tout d’abord la personne qui veut transmettre un message et que l’on désigne comme “l’émetteur” ou le locuteur.

 

·      Puis le message en lui même, c’est-à-dire l’idée que l’on veut transmettre, c’est donc le “contenu” du message.

 

Et la façon dont ce message est transmis.

 

·      Ce message doit obligatoirement passer par un canal particulier (visuel, sonore, olfactif, tactile ....).

 

·      Pour utiliser un canal précis il faut un “code” bien connu des deux personnes en situation de communication. Lorsque le canal utilisé est la voix, il faut donc que les personnes s’accordent sur la langue choisie, par exemple.

 

·      Et enfin, celui à qui s’adresse le message désigné comme le “récepteur” ou le “destinataire”. Bien sûr tous ces éléments sont solidaires les uns des autres et à chacun d’eux correspond une fonction particulière du langage, c’est-à-dire qu’une fonction prend plus ou moins d’importance selon les circonstances.

 

 

 


1. La fonction référentielle

 

 

Lorsque l’émetteur vise avant tout autre chose à faire passer un message simple et pratique (voire concret et efficace) ce qui est essentiel pour lui c’est que la fonction référentielle soit bien perçue par le destinataire. Il faut donc un référent clair, dans un canal assez précis et dans un code bien assimilé par les interlocuteurs. Par exemple si les gestes peuvent être un canal clair, la voix permet plus de précision car il existe plus de mots que de gestes. Dans ce contexte, l’attention est focalisée sur le sens même du message.

 

Exemple : “Ce sont les vacances ; il fait beau”.

 

 

 

2. La fonction émotive ou expressive

 

              

Très souvent le locuteur cherche plutôt à exprimer ses sentiments, ses impressions, à dévoiler ce qu’il ressent. La fonction expressive est donc centrée sur l’auteur qui s’exprime et non plus vraiment sur le sens du message qui devient alors secondaire. Par exemple, l’auteur s’exprime en disant “je” ou “nous” et il emploie des verbes de perception ou de crainte ou de sentiment. Ce qui importe avant tout ici est de transmettre non les faits mais les réactions qu’a suscitées le fait.

              

Exemple : “Quelle joie pour moi d’être en vacances ; j’adore quand il fait beau !”.

 

 

 

3. La fonction conative

 

              

L’autre rôle important de la communication consiste à avoir une influence sur celui à qui l’on s’adresse. La fonction conative (mot formé sur le latin “conor” = “je m’efforce de”) est centrée sur l’interlocuteur. Ce qui compte surtout c’est la réaction que le destinataire aura face au message transmis. Dans ce cas, se retrouvent souvent des formules injonctives à l’infinitif et à l’impératif, avec utilisation des pronoms personnels “tu” ou “vous”.

 

Exemple : “venez avec nous en vacances ! Vous serez enthousiasmé par le beau temps”.

 

 

 

4. La fonction métalinguistique

 

              

Elle est utilisée lorsque l’émetteur craint que le récepteur (ou le destinataire) comprenne mal le message qui est envoyé (par exemple problème de langue, difficulté à comprendre le même code, bruits importants faisant parasitage etc.). L’émetteur va donc vouloir préciser le code grâce à la fonction métalinguistique qui consiste à expliquer ce que l’on dit par des formules du type, “c’est-à-dire, par exemple, je m’explique, avez-vous bien compris” (tournure à la fois conative et métalinguistique !). En fait appartiennent à cette fonction toutes les tournures permettant une meilleure compréhension de la fonction référentielle ou de la fonction expressive.

 

Exemple : “les vacances ! Vous savez de quoi je parle ? Ces moments privilégiés où l’on fait enfin ce qu’on veut ! Et savez-vous ce qu’est un vrai beau temps du Sud ? C’est une merveille de bleu et d’or !” (ce texte mêle fonction métalinguistique et fonction conative).

 

5. La fonction phatique

 

 

Certains des mots que nous utilisons en situation de communication n’ont pas de “sens” à proprement parler mais servent uniquement à vérifier que la communication “passe bien”. Ces termes ne transmettent pas de message précis mais maintiennent un contact.          

 

Exemple : “Allô ? Pierre, tu m’entends ? Quoi  ? Répète ! Allô ? Allô ?”

 

Cette fonction phatique se retrouve assez souvent dans les gestes ou dans les regards appuyant le sens des mots.

 

 

 

6. La fonction poétique

 

              

Lorsque le récepteur cherche une façon de parler particulière ou recherchée, lorsqu’il recherche des mots aux connotations spécifiques ou aux sonorité remarquables, il effectue alors un travail sur le style et c’est ici qu’intervient la fonction poétique.

 

Exemple : “Ce sont des moments de calme et de bonheur (périphrase), doux comme le sable des plages (comparaison) et qui se répètent à l’infini dans mon esprit ensoleillé (métaphore)”.

 

Bien sûr, toutes ces fonctions se chevauchent et s’entremêlent dans un texte. Il est toutefois intéressant de chercher laquelle est dominante car cela nous donne des indications précises sur l’objectif de l’auteur (ou de l’émetteur).

 

 

Schéma récapitulatif de la communication :

 

 

                                                                          fonction poétique

                                                                                         Ý

               émetteur Ü                                      MESSAGE                                        Þ récepteur

fonction expressive (je, nous)                                    fonction référentielle          fonction conative (tu, vous)              

                                                                                         ß

                                                                                   -canal

                                                                          fonction phatique

                                                                                   -code

                                                                          fonction métalinguistique