La farce de maître Patelin

— ou comment le marchand Guillaume fut grugé par l'habile Pathelin, lequel n'hésite pas à feindre la folie, à entreprendre un délire polyglotte, apparaissant au malheureux marchand comme le diable en personne. Suit un procès où l'avocat défend Thibaud l'agnelet, berger, contre le même Guillaume — qui s'entend répondre cette fois-ci par des bêlements. Mais tel est pris qui croyait prendre : quand Pathelin parle honoraires, le berger continue de bêler. Cette œuvre de longue haleine (plus de 1500 vers) est déjà plus que la farce qu'elle avoue être ; une comédie, aux caractères élaborés et aux rebondissements nombreux. Tromperie universelle et jeu sur la parole ; c'est un monde de faux-semblants qui se dévoile sur scène, où chaque chose a son envers, chaque succès son revers, où le langage même n'est plus chose stable — et telle est la morale de la postérité, qui retient le " Revenons à nos moutons " du procès, formule quasi proverbiale et presque fixée, pour oublier l'absurdité triomphante de l'onomatopée finale : " Bêêê ".