Etude d'une pièce de théâtre : Antigone de Jean Anouilh

 

 

 

                                      Le Mythe Antique

 

 

 

L’objectif de ce cours est d étudier l’évolution de certains grands mythes d’origine grecque notamment afin de voir comment les auteurs du XX ème siècle ont réutilisé et réactualisé ces mythes dans leurs pièces de théâtre. Avant de commencer cette étude vous devez lire attentivement la pièce de Anouilh : 

 

 

 

                                      Antigone

 

 

 

Généralités

 

 

 

 

a ) Définition de la notion de mythe

 

 

b ) Présentation du mythe d’Antigone

 

 

c ) Etude des thèmes les plus importants

 

 

 

 

 

Préparation à l’oral

 

 

 

                   a ) Biographie de Jean Anouilh

 

 

 

                          b ) Etude de cinq extraits de la pièce ( examens méthodiques )              Devoir n°1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Préparation à l’écrit

 

 

 

 

 

a ) sujets de dissertations traités sous forme de plans

 

 

 

 b ) proposition de sujets                                                                                   Devoir n°2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

GENERALITES

 

 

 

 

                   Qu’est-ce qu’un mythe ?

 

 

 

                   Le mythe d’Antigone

 

 

                   Etude des thèmes importants

 

                                     

 

                                      1 . Fatalité

 

 

 

                                      2 . Solitude

 

 

 

                                      3 . Lois divines / lois humaines

 

 

                                      4 . Comparaison Sophocle / Anouilh

 

 

                                      5 . Personnalité d’Antigone

 

 

 

                          

 

Qu’est-ce qu’un mythe ?

 

 

 

 

 

                La notion de mythe est une notion complexe. Le mot grec « muthos » signifie « mensonge ». Le mythe est donc un récit d’origine religieuse dont la fonction est de représenter un aspect fondamental du monde ou de l’humanité. Comme la légende , le mythe est un récit comportant un ou plusieurs personnages, mais, à la différence de la légende, le mythe comporte un aspect sacré : il est souvent lié avec un aspect religieux et présente un héros qui se heurte à des dieux ou à des héros divins.

 

                Mais le rôle essentiel du mythe est de donner une explication à des faits qui sont irrationnels ou à des aspects fondamentaux de la condition humaine.

 

explications du commencement du monde, de l’alternance du jour et de la nuit, de la force du feu, etc.

 

soumission aux lois de la condition humaine, justification des interdits, réflexion sur la mort, etc.

 

                Le mythe est donc une expression de la pensée antérieure à la pensée scientifique.

 

Nous nous intéresserons tout particulièrement à la raison qui explique la résurgence des mythes antiques notamment dans le théâtre du XXème siècle. Pourquoi notre époque, si fière de ses avancées scientifiques et techniques, si rationnelle en apparence, continue-t-elle à apprécier des thèmes qui semblent parfois proches de la superstition, et qui, en tout cas, présentent des personnages qui sont des héros, des rois ou des reines dont la vie quotidienne ne ressemble pas vraiment, en apparence du moins à ce que nous vivons en 1999. Nous tenterons donc de mettre en évidence l’intérêt contemporain des mythes antiques repris dans des pièces de théâtre du XX ème siècle.

 

 

 

                De la légende au mythe

 

 

 

                La Grèce antique, par l’intermédiaire de ses poètes et de ses dramaturges nous a transmis un grande nombre de légendes. Enseignées dans les écoles, reprises par les écrivains, elles ont fini par se fondre dans le patrimoine national, et faire partie intégrante de notre culture. Par exemple, la guerre de Troie ou la devinette que le Sphinx pose à Oedipe sont très connues. Nous sommes beaucoup nourris des légendes grecques que de nos propres fables.

 

                Qu’on prenne garde cependant que, jusqu'à nos jours , elles n’ont été utilisées qu’à titre d’histoires, de récits, certes fabuleux  mais sans portée spéciale, morale ou philosophique. On ne retirait de ces récits ni dogmes, ni leçons. Mais le XX ème siècle a restitué à ces tragédies leur véritable dimension, et les a considérées , non comme des récits ou de simples histoires, mais comme des mythes. Les Anciens, en effet, ont exprimé, à travers leurs légendes, un certain nombre de grandes idées, par exemple sur les rapports de l’homme et du destin, sur les rapports de la justice et de l’ordre, sur les rapports de l’individu et de la cité. Ainsi , c’est pour illustrer ces thèmes fondamentaux que Sophocle a écrit Oedipe-roi, Electre, Antigone.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le mythe d’Antigone

 

 

 

 

 

                Oedipe était le fils de Laïos, roi de Thèbes et de la reine Jocaste.  L’oracle de Delphes avait prédit à Laïos une tragique destinée : il mourrait de la main de son propre fils qui épouserait ensuite sa mère. Quand Oedipe naquit le roi et la reine décidèrent d’essayer de conjurer le sort qui leur était promis et ils abandonnèrent leur enfant sur le mont Cithéron après lui avoir percé les pieds. Mais Oedipe ne mourut pas et il fut recueilli par le roi de Corinthe qui l’éléva comme s’il était son fils.

 

                Quelques années plus tard, Oedipe apprit lui-même de l’oracle de Delphes que sa destinée était de tuer son père et d’épouser sa mère. Atterré par cette épouvantable prédiction Oedipe décide de quitter au plus vite ceux qu’il croit être ses parents. Il court ainsi lui-même au devant de son destin en croyant le fuir !

 

                Durant son voyage, il rencontre aux portes de Thèbes un vieil homme avec lequel il se querelle, et dans un élan de colère il tue cet homme. Il vient alors d’assassiner son père, sans le savoir. A cette époque Thèbes est victime  d’un monstre terrifiant, le Sphinx, qui surveillait les portes de la ville et posait à quiconque voulait entrer ou sortir  une question énigmatique :

 

                «  qui marche à quatre pattes le matin, à deux pattes le midi et à trois pattes le soir ? »

 

                Oedipe trouva la réponse : l’homme ( qui marche à quatre pieds quand il est bébé, sur ses deux jambes à l’âge adulte et avec l’aide d’une canne dans sa vieillesse ). Ce faisant, il débarrassa la ville de la menace du sphinx.

 

                Les citoyens reconnaissants lui offrirent le trône et c’est ainsi qu’il épousa la reine Jocaste, veuve de Laïos récemment assassiné par un inconnu, sans savoir qu’elle était sa mère. Quatre enfants naquirent de cette union :

 

deux fils : Etéocle et Polynice

 

deux filles : Ismène et Antigone

 

                Oedipe apprit pourtant l’horrible vérité. A ce sujet le mythe propose plusieurs versions des circonstances de cette reconnaissance : soit il fut reconnu par les traces montrant que ses pieds avaient été percés, soit cette vérité lui fut révélée par le devin aveugle Tirésias. Toujours est-il que, horrifiée par cette découverte la reine Jocaste se pendit avec son écharpe, quant à Oedipe , il jugea cette peine trop légère par rapport à la gravité de la faute commise et il se creva les yeux et partit en mendiant sur les chemins, où il erra accompagné toutefois de sa fille Antigone qui trouvait qu’il était beaucoup trop sévère avec lui-même et qu’il ne méritait un tel châtiment.

 

                Le trône de Thèbes étant alors vacant, ses deux décidèrent de régner alternativement, chacun pendant une année. Mais Etéocle refusa de rendre le trône à son frère Polynice quand le délai d’un an fut écoulé. Celui-ci décida donc de s’allier Argos, ville depuis longtemps ennemie de Thèbes, et il revint assiéger les murs de Thèbes aidé par les chefs argiens. Lors de cette guerre fratricide, les deux frères s’entretuèrent !

 

                Le frère de Jocaste , Créon, prit alors le pouvoir. Il accorda à Etéocle qui avait combattu pour défendre la ville des funérailles grandioses, mais il décréta que Polynice qui était mort en combattant contre Thèbes avec l’appui des ennemis de la ville ne méritait aucunes funérailles. Il ordonna donc officiellement que son corps ne fût pas enterré et qu’il fût abandonné sans sepulture aux chacals et aux oiseaux de proie. Quiconque oserait rendre les devoirs funèbres à Polynice serait condamné à mort. Pour les Grecs, refuser les rites funèbres était très grave car cela condamnait l’âme du mort à errer éternellement sans jamais pouvoir atteindre le repos dans le royaume des morts. C’était donc aller contre toutes les règles divines.

 

                Antigone et Ismène apprirent avec horreur ce décret. Ismène n’osa pas enfreindre la loi de Créon, mais Antigone n’accepta cette décision purement humaine et, pensant qu’il fallait avant tout obéir aux lois de dieux, elle décidé   d’accomplir les rites funéraires pour son frère, étant tout à fait consciente qu’elle se condamnait ainsi à mort. Ismène tenta de la dissuader de faire cela, mais en vain : Antigone enterra son frère, puis fut exécutée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 . Antigone : pièce de Sophocle

 

 

 

                Sur la place publique de Thèbes, devant le palais d’Oedipe où règne maintenant Créon , Antigone et Ismène s’entretiennent au lever du jour. Elle commentent la loi de Créon et Antigone fait part à sa sœur de sa décision. Elle n’accepte pas que la sépulture soit refusée à son frère et , bravant les ordres de son oncle, elle est résolue à enterrer Polynice selon les rites.

 

 

 

                « Viendras-tu avec moi ? » demande -t’elle à sa sœur _ « je n’en ai pas la force, répond Ismène » Antigone riposte violemment : « à ta guise, j’irai seule ! ».

 

 

 

Après la sortie des deux soeurs, Créon entre,et s’adresse aux Thébains réunis sur la place. Il confirme son édit et proclame sa volonté d’être obéi. C’est alors qu’arrive une des sentinelles qui gardaient le corps de Polynice : hésitant et bredouillant il semble avoir très peur de parler et comme Créon s’impatiente il avoue enfin la vérité :Quelqu’un a recouvert le cadavre de terre....On ne sait pas qui a fait cela mais les rites semblent avoir été respectés.

 

Tous les hommes de garde craignaient de venir annoncer cela à Créon, ils ont alors tiré au sort et c’est lui qui a été désigné Créon leur ordonne de trouver le coupable et les menace s’ils n’y arrivent. Le choeur commente les événements...

 

                Quelque temps plus tard, le garde revient en tenant Antigone. Il l’a surprise en train d’ensevelir le corps de nouveau et cette fois, pas besoin de tirer au sort, il vient de lui-même annoncer la nouvelle à Créon.

 

                Resté seul avec Antigone, Créon l’interroge « Tu avoues ?_ Oui._ Tu connaissais mon édit ?_ Oui._ Et tu as eu l’audace d’enfreindre mes lois ?_  Oui, car je ne connais qui les lois divines qui, pour n’être pas écrites n ‘en sont pas moins immuables. Peu m’importe la mort ! »

 

Antigone défie Créon Qui s’emporte et lui reproche un double crime :

 

d’abord un acte de désobéissance

 

ensuite  la gloire et la fierté qu’elle en retire.

 

Créon est furieux qu’Antigone   veuille lui dicte la loi, furieux qu’une femme prétende commander. Sans peur Antigone revendique son acte  et elle affirme que tout le monde lui donnerait raison, si les gens n’étaient pas paralysés par la peur. Elle condamne violemment la tyrannie : sa vocation à elle  « est de partager l’amour, non la haine. » «  Qu’on aille me chercher sa complice, ordonne Créon »

 

                Et Ismène entre sur scène ,entourée de deux gardes et elle avoue qu’elle est également coupable. Mais Antigone intervient : «  Non, tu as choisi de vivre et moi de mourir. Celle qui ne m’aime qu’en paroles n’est pas pour moi une amie. » Les deux soeurs s’affrontent jusqu'à ce que Créon dise « Ces deux filles sont folles, l’une depuis un instant, l’autre depuis qu’elle est née. Qu’on les emmène ! »

 

                Entre Hémon, le fils de Créon, le fiancé d’Antigone. Il commence par affirmer son respect pour l’autorité paternelle,mais peu à peu il s’enhardit et il essaie de faire appel à la compréhension de son père puis à son intérêt. Il lui dit qu’il sait qu’en ville tout le monde le trouve trop sévère, tout le monde pense qu’Antigone a raison et qu’il ne faut pas voir un seul aspect des choses. Créon s’emport et le ton monte : « Jamais tu n’épouseras cette fille_ Si elle meurt, répond Hémon, sa mort en entraînera une autre. » Créon croit que son fils le menace, il le renvoie et annonce sa décision de faire enterrer Antigone vivante.

 

                A ce moment, elle apparaît sur scène, enchaînée. Elle ne peut retenir ses larmes à la pensée qu’elle ne reverra jamais plus le soleil. Créon presse les choses et dit aux gardes « Allons ! Qu’attendez-vous ? »

 

                Mais l’action se trouve suspendue par l’arrivée du vieux devin Tirésias. Sa cécité lui procurant un don de double vue, il prédit le malheur : «Le malheur est sur Thèbes. La ville souffre par ta faute, il faut réparer le mal »  Créon accuse Tirésias de s’être laissé corrompre mais Tirésias insiste : il annonce les pires catastrophes et même la mort d’Hémon parce que Créon a violé les lois divines. Les déesses de la vengeance, les redoutables Erinyes le guettent déjà.

 

                Resté seul Créon hésite, il a peur. Va-t-il céder ? Va-t-il faire rélâcher Antigone ? Oui.........mais le destin est déjà en marche à cause de la démesure et de l’orgueil des hommes ( hybris en Grec ) C’est un garde qui vient annoncer sur scène ce qui s’est passé : Antigone s’est pendue dans son tombeau souterrain avec sa ceinture. Hémon qui s’est précipité ne prend dans ses bras qu’un cadavre. Son père arrive alors. Fou de douleur , dans un accès de fureur, Hémon lui crache au visage et essaie de le tuer, le manque, et se tue lui-même avec son épée.

 

                Créon sort alors du tombeau, portant son fils dans ses bras. On lui annonce que sa femme Eurydice  s’est donné la mort en apprenant la mort d’Hémon. Le choeur termine par un éloge de la sagesse et condamne l’orgueil des hommes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2 . Antigone : pièce d’Anouilh

 

 

 

                Au début le Prologue ( qui est un personnage qui se dégage du choeur ) s’avance vers le public et lui présente tous les personnages qui sont sur scène isolés ou bavardant et il indique en quelques mots leur nom, leur rôle et leur caractère :

 

- Antigone : la petite maigre qui pense qu’elle va mourir

 

- Ismène, sa sœur, belle et heureuse

 

- Hémon, le fiancé d’Antigone

 

- le roi Créon, père d’Hémon qui médite sur la tâche difficile de mener les hommes

 

- la femme la reine Eurydice qui ne fera que tricoter pendant toute la pièce

 

- la nourrice d’Antigone

 

- le messager qui interviendra à la fin de la pièce

 

- enfin les trois gardes qui jouent aux cartes dans leur coin

 

Pendant que le prologue parlait, les personnages sont partis les une après les autres. Le prologue disparaît aussi. La pièce commence :

 

 

 

                La nourrice surprend Antigone rentrant au palais à quatre heures du matin, mais Antigone ne lui donne pas d’explication sur cette sortie. Arrive Ismène, qui est au courant de l’édit de Créon et du projet d’Antigone mais qui n ‘en sait pas plus : les deux soeurs se querellent. La nourrice revient et calme le jeu.

 

                Arrive Hémon qui est stupéfait d’entendre Antigone lui dire « Jamais, jamais je ne pourrai t’épouser ! » Lorsque Ismène revient, Antigone lui apprend la vérité : elle est allée enterrer son frère pendant la nuit.

 

                La scène suivante, copiée sur la tragédie de Sophocle présente l’entrevue entre Créon et le garde venu annoncer que quelqu’un a recouvert le corps de Polynice. D’abord furieux, Créon ne songe bientôt qu’à une chose : éviter le scandale. « si personne ne sait, tu vivras » dit-il au garde terrorisé.

 

                A ce moment le choeur entre sur scène et s’adresse directement au public pour rxpliquer sa conception de la tragédie : Antigone entre alors en scène poussée par les gardes. Ils nous apprennent qu’Antigone est revenue sur les lieux en plein jour et qu’ils ont pu l’arrêter, ce dont ils sont très fiers.

 

                Lorsque Créon arrive sur scène, il est stupéfait de voir sa nièce les menottes aux mains et in apprend ce qu ‘elle a fait : pour l’instant il fait mettre au secret les trois hommes et commence la scène essentielle de la pièce : le dialogue entre Créon et Antigone, dialogue dans lequel Anouilh fait passer le plus important , c’est à dire ses intentions et le sens de la pièce. Nous assistons à un véritable duel d’idées :

 

1 ) Créon veut tout simplement étouffer l’affaire en faisant disparaître les trois gardes, mais Antigone lui annonce qu’elle recommencera.

 

 

 

2 ) Créon change alors de tactique et essaie « d’apprivoiser » Antigone : puisqu’elle se dit persuadée que son oncle allait la faire mourir, il va lui prouver le contraire et lui affirme qu’il ne la fera pas exécuter car elle n’est encore qu’une enfant et on ne condamne pas les enfants à mort ! Mais Antigone s’obstine et répète qu’elle recommencera.

 

 

 

3 ) Créon essaie alors de la convaincre que ces rites n’ont aucun sens et que ce qu’elle fait est absurde. Elle rétorque qu’elle ne fait cela que pour elle-même, c’est à dire pour affirmer sa liberté !

 

 

 

4 ) Créon étant résolu à sauver sa nièce va lui donner une véritable leçon de politique et il va lui expliquer pourquoi il se devait de promulguer cet édit : ce n’est pas par plaisir qu’il a agi ainsi  mais pour faire un exemple. Antigone ne comprend cette mentalité.

 

 

 

5 ) Créon est de plus en plus excédé et il décide alors de dévoiler à Antigone la véritable histoire d’Etéocle et de Polynice. Polynice, auquel Antigone vouait une affection profonde était en fait un vaurien qui avait levé le poing contre son père. Quant à Etéocle,, qui était un héros et un saint pour Thèbes , il ne valait plus cher que son frère. Ce n’étaient que deux voyous et Créon avoue qu’ils étaient si méconnaissables après leur combat qu’il ne sait même pas quel est celui des deux corps qui a eu droit à un tombeau de marbre !

 

Antigone est touchée de cela et, perturbée par les paroles de son oncle, elle s’apprête à regagner sa chambre.

 

 

 

6 ) Créon, rassuré, lui fait le tableau de la vie heureuse qui l’attend après son mariage avec Hémon. Au simple mot « bonheur » Antigone régit : que signifie ce bonheur dérisoire que Créon lui fait miroiter ? Que signifie ce bonheur fait de mensonges et de compromissions ? Antigone se révolte violemment contre « ce sale bonheur » et Créon ne sait plus quoi faire pour la faire taire. Elle hurle et veut ameuter toute la ville.

 

Ismène entre et veut partager son sort. Comme l’Antigone de Sophocle, l’Antigone d’Anouilh répond « trop tard ! Tu as choisi la vie et moi la mort ! »

 

Créon, insulté et provoqué appelle alors ses gardes « Enfin, Créon ! » s’écrie alors Antigone.

 

                Le choeur fait des reproches à Créon et Hémon vient le supplier de tout arrêter « Impossible ! » répond Créon. Hémon sort du palais comme un fou.

 

                Antigone restée seule avec le garde lui avoue qu’elle ne sait plus très bien pourquoi elle meurt et elle demande pardon aux siens. Elle sort du palais emmenée par les gardes.

 

                Comme dans la tragédie grecque, c’est le messager qui vient raconter le dénouement de la pièce : Antigone s’est pendue dans sa tombe avec sa ceinture, et Hémon après avoir craché au visage de son père s’est tué avec son épée. Il restait à Créon une nouvelle à apprendre : la mort de sa femme Eurydice qui s’est coupé la gorge quand elle a su la mort de son fils.

 

                Créon reste seul avec son petit page et le choeur commente « le grand apaisement triste » qui tombe sur Thèbes, pendant que les gardes continuent à jouer aux cartes !

 

 

 

Remarque :je vous conseille très vivement d’apprendre par cœur ou presque ce plan de la pièce d’Anouilh , car cela vous permettra de bien situer les passages que vous présentez à l’oral.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelques thèmes importants

 

 

 

            1 ) La fatalité :

 

 

 

                La tragédie tente d’expliquer ou tout au moins de présenter de façon presque rationnelle les difficultés d’adaptation de l’homme aux prises avec son destin : la fatalité pèse sur l’homme qui cherche à prouver envers et contre tout sa liberté ! Comment concilier cette notion de liberté avec le poids du destin ? Voilà tout le problème. Dans la tragédie la notion de « suspense » n’existe pas et est même contradictoire avec le genre tragique. Dès le début tout est mis en place et le héros ne peut que se débattre dans un monde donné d’avance : toute sa force d’affirmation de lui-même ne sert qu’à mettre encore plus en évidence sa faiblesse face à la destinée. Dans la mythologie, ce sont les dieux qui font obstacle aux désirs de l’homme et parfois les dieux annoncent à l’avance la destinée du héros : ainsi les parents d’Oedipe décident d’abandonner leur fils quand ils apprennent par un oracle qui celui-ci est destiné à les tuer. Puis Oedipe lui-même décide de quitter ceux qu’il croit être ses parents quand il entend la même prophétie. Les dieux omniprésents et tout puissants gèrent entièrement la vie de l’homme dont le seule possibilité est d’affirmer son refus, bien que cette affirmation soit obligatoirement vaine. Dans cette lutte, l’homme est forcément perdant mais il prouve son existence en luttant : nous retrouvons ici toute le message du mythe de Sysiphe.  Sysiphe est condamné par les dieux à rouler un rocher le long d’une pente de montagne et , quand le rocher est au sommet de la montagne, il retombe en bas et Sysiphe doit éternellement recommencer ce travail pénible et surtout vain puisqu’il n’y aura jamais de fin..       

 

                Lorsque les auteurs de XX ème siècle ont repris ces thèmes mythologiques, ils ont bien cerné le nouveau message qu’il fallait faire passer . Dans un monde de moins en moins marqué par la religion, il convenait de donner à la fatalité une autre image, un autre visage .

 

                Qu’est-ce qui peut symboliser le poids du destin à notre époque ? Si l’on a l’impression que notre vie ne nous appartient pas totalement mais qu’elle nous « échappe » parfois, si l’on a le sentiment d’être « dépassé » par les événements, c’est qu’il y a des forces qui nous empêchent de faire ce que l’on voudrait faire. Quelles sont ces forces ?

 

                               a ) ces forces peuvent être extérieures à nous : ce sont les lois, les régimes politiques dictatoriaux, la puissance de l’argent et autres données concrètes. Par exemple, Antigone s’oppose aux lois édictées par Créon.

 

                               B ) ces forces peuvent être en nous , dans notre inconscient, et nous manipuler sans que nous le sachions : par exemple, la haine d’Electre pour sa mère semble avoir un motif tout à fait rationnel, qui est le meurtre de son père Agamemnon, mais ce sentiment n’est-il pas en réalité la haine cachée d’une fille pour sa mère, haine liée à la rivalité qui existe par essence entre une fille et sa mère ? De même, le mythe d’Oedipe n’est qu’une formulation symbolique de l’attirance que tout garçon éprouve pour sa mère ( je vous renvoie ici aux travaux de Freud sur le complexe d‘Oedipe.) Ainsi l’homme crée lui-même se destinée par une attitude qui génère obligatoirement des situations auxquelles l’homme ne peut plus échapper. Par exemple, Antigone doit mourir, il n’y a pas d’alternative possible dans la tragédie, mais Antigone savait que si elle enterrait son frère elle mourrait. Donc elle a fait un acte qui devait entraîner des conséquences absolument inéluctables ! C’est dans cette marge infime que se situe la liberté de l’être humain.

 

                Donc, dès le début de la pièce « tout est joué » et le sort et déjà décidé . Dans Antigone, Anouilh s’emploie à disséminer tout au long de la pièce , les éléments qui soulignent la toute puissance du destin. Antigone sait dès le commencement quel sera son destin et c’est en vain que Créon essaie de l’arracher à ce destin. La tragédie n’est qu’un point de suspension dans une histoire dont le dénouement est connu d’avance. C’est une parenthèse qui permet simplement au héros d’exposer les raisons de ses actes et de dévoiler la difficulté qu’il y a pour l’homme à assumer son destin. La tragédie est le contraire de l’action : elle commence quand l’action irréversible a déjà été commise et elle ne nous fait pas assister, pour des raisons de bienséance, à la mort des personnages, mais elle nous fait partager les moments entre l’action et la mort.

 

                Si le dénouement est connu, où réside alors l’intérêt de la pièce ? Le spectateur sait la fin mais il cherche à comprendre comment le héros en arrive là : comment Antigone en vient-elle, elle qui n’est qu’une toute jeune fille à qui la vie sourit, à prendre la décision d’accomplir un acte qui va non seulement réduire à néant toute chance de bonheur, mais aussi va la mener à la mort ? Comment Electre peut-elle prendre la décision de tuer sa propre mère ? En fait, l’adaptation théâtrale des mythes antiques nous permet de réfléchir de nouveau à ces situations qui sont à la fois extrêmes, mais aussi proches de nous car les passions humaines qui se déchaînent sous nos yeux sont les mêmes que les passions que nous ressentons au fond de nous. La seule différence est peut-être que nous, nous ne sommes pas mis dans des conditions qui nous obligeraient à passer à l’acte réellement !

 

               

 

 

 

               

 

 

 

2 ) la solitude

 

 

 

                Le héros tragique est par nature seul et surtout il tire gloire et plaisir de cette solitude même si en même temps elle le fait aussi souffrir. D’ailleurs Antigone revendique hautement cette solitude quand elle refuse qu’Ismène l’accompagne dans la mort. Le héros tragique a la sentiment d’appartenir à une élite et il est absolument intransigeant, n’acceptant aucune compromission avec les autres. Alors il n’arrive pas à communiquer et cette incommunicabilité est un drame pour lui comme pour les autres. Le spectateur de la pièce de théâtre a l’impression que les mots n’ont pas le même sens pour lui que pour le héros. D’ailleurs Anouilh insiste bien sur cet aspect au début de sa pièce quand Antigone rentre au petit matin après avoir enterré son frère, le dialogue entre elle et Ismène, puis entre elle et sa nourrice est à double sens et peut-être interprêté de différentes façons. Cet aspect est d’ailleurs très moderne car c’est bien un des problèmes fondamentaux de notre époque que ce paradoxe : malgré tous les moyens de communication mis à notre disposition, nous avons de plus en plus de difficultés à parler « vraiment » avec autrui. Ionesco a montré cette difficulté dans sa pièce « La Cantatrice Chauve » qui met en scène des personnages dont le langage se désarticule et finit par se réduire à de simples lettres prononcées les unes à la suite des autres.

 

                Dans la mythologie, la solitude du héros est , en général, un effet des dieux, mais dans le théâtre actuel, cette solitude semble plutôt due à une sensibilité exacerbée du héros qui voudrait communiquer mais en est incapable. D’ailleurs, lors de son long dialogue avec Créon, Antigone revendique cette solitude mais elle hésite cependant un instant quand Créon lui révèle qui étaient réellement ses frères : Créon réussit à la faire douter et cela prouve que le message est bien passé ! Mais elle se reprend très vite et se réfugie de nouveau dans son attitude intransigeante. Même la présence d’Hémon est inutile à Antigone : l’amour ne crée aucun dialogue car le héros tragique  est pris dans son monde , il suit sa seule logique et se différencie ainsi de la masse des humains qui s’éloigne de plus en plus de lui au fur et à mesure que la pièce avance. La tragédie naît du choc de cette solitude contre un autre personnage, lui aussi solitaire, et lui aussi intransigeant. Nous en venons donc à une sorte de « dialogue de sourds » qui s’instaure entre les protagonistes.

 

 

 

                3 )  lois divines et lois humaines :

 

 

 

                Tout le sujet réside en cette question : l’homme doit-il obéir aux lois divines ou aux lois humaines ? Dans une situation de perfection ces deux types de lois devraient coïncider, être tout à fait superposables .Mais notre monde est imparfait et les lois que les hommes votent peuvent être en contradiction avec des lois morales non écrites mais reconnues de tous , comme le droit à l’enterrement des morts dans Antigone .Antigone se trouve donc devant un dilemme car elle a deux possibilités :

 

a ) soit elle obéit aux lois de Créon , comme chacun doit le faire puisque Créon est le roi. Elle ne fait ainsi que son devoir et personne ne pourrait rien lui reprocher, mais elle même ne pourrait plus vivre car elle sait que le manque de sépulture réduit Polynice à errer pendant toute l’éternité sans pouvoir atteindre la sérénité et le repos.

 

b ) soit elle brave les lois de Créon et elle enterre Polynice. Elle fait ainsi ce que sa conscience et sa morale lui dictent, mais elle se met « hors la loi » et elle encourt alors la peine de mort.

 

                Mais en réalité, Antigone ne ressent pas cette alternative comme un dilemme car , pour elle , il apparaît évident que le décret de Créon est moralement injuste et donc inacceptable. D’ailleurs Anouilh nous le montre bien puisque sa pièce commence alors qu’Antigone a déjà violé le décret de Créon : le problème n’est donc pas de savoir si elle va ou non commettre cet acte, mais comment elle va l’expliquer à Créon et comment elle va affronter sa destinée.

 

                Une étude d’Antigone ne serait pas complète si elle ne nous amenait à faire un parallèle avec des faits historiques récents qui posent exactement le même problème que celui auquel Antigone est confrontée : à la fin de la guerre de 1939-1945 le monde découvre les camps de concentration de l’Allemagne d’Hitler et s’interroge sur ces crimes de guerre. Les procès de Nuremberg commencent dans une ambiance grave car les inculpés doivent expliquer comment ils ont pu commettre les crimes dramatiques et organisés dont on les accuse. Leur principale défense est de se cacher derrière l’obéissance que tout soldat doit à son supérieur hiérarchique : ils n’ont fait que leur devoir puisqu’il est obligatoire de suivre sans murmurer les ordres donnés et ils risquaient même la peine de mort s’ils n’obéissaient pas ! Pourtant leur morale et leur propre conscience étaient horrifiées des actes qu’ils commettaient mais ils ne pouvaient pas agir autrement. Antigone est donc dans la même situation : elle doit obéir à Créon bien qu’elle sache que ces ordres sont moralement inacceptables. Antigone choisit de suivre les lois divines et non pas les lois de Créon. Les soldats inculpés aux procès de Nuremberg devaient -ils désobéir aux ordres et risquer d’être condamnés à mort pour leur révolte ? Les condamnations ont prouvé que les juges ont estimé qu’ils auraient dû réagir et refuser d’obéir, mais la question est très vaste : même s’il est difficile de trouver une réponse entièrement satisfaisante, il faut au moins bien poser le problème.

 

 

 

 

 

                4. Comparaison entre Sophocle et Anouilh

 

 

 

                Bien sûr les ressemblances sont évidentes puisque Anouilh a repris les faits et l’intrigue développés par Sophocle : Antigone a rendu les honneurs funèbres à son frère alors qu’une loi expresse de Créon l’interdisait et elle est, selon la loi, condamnée à mort pour son geste.

 

 

 

                Mais ces ressemblances ne font que rendre encore plus claires les différences qui existent

 

 

 

                               3 . 1 . Ce qui marque le plus le lecteur de la pièce d’Anouilh, c’est bien sûr le style : Anouilh a choisi d’écrire en prose et dans un registre de langage très courant, voire argotique et familier. Pour rendre les personnages plus proches de nous, il les fait parler comme nous, avec la plus grande simplicité :

 

Exemples : Antigone, c’est la petite maigre...

 

                      Les petits voyous se retournent au passage d’Antigone...

 

 

 

                               3 . 2 . Le décor permet aussi au spectateur de se sentir proche des personnages, puisque Anoiulh précise bien qu’il est neutre : pas de grand palais ni de hautes colonnes ; mais surtout les allusions au monde moderne nous font parfois oublier le mythe antique : carte postale, café, tartines, bar, fusil, film, cigarettes, pantalons longs, voitures de course...

 

Le spectateur a ainsi l’impression qu’Antigone mène la même vie que la sienne et qu’elle a donc les mêmes soucis, ce qui permet une identification plus facile au personnage.

 

 

 

                               3 . 3 . Les costumes méritent une étude un peu plus approfondie : le Choeur et Créon portent des vêtements de soirée comme s’ils étaient soudain dérangés alors qu’ils faisaient la fête ! La robe blanche d’Ismène et la robe noire d’Antigone sont symboliques puisqu’elles représentent les choix philosophiques des deux jeunes filles : Ismène choisit la vie et Antigone la mort. Quant aux gardes, ils portent des cirés noirs qui rappellent les imperméables noirs des allemands pendant l’occupation

 

 

 

                               3 . 4 . Mais ces différences ne sont pas les plus importantes : le spectateur est , dès le début de la pièce, plongé dans une atmosphère contemporaine qu’il connaît, cependant la différence essentielle entre Sophocle et Anouilh se situe dans la façon dont est traité le contexte religieux. En effet toute la pièce de Sophocle prouve que l’acte d’Antigone est en réalité commandé par les dieux. Ce sont les dieux qui dirigent la vie des hommes et les personnages ne sont en fait que des « marionnettes » dont les ficelles sont tirées par les dieux. Antigone n’est pas libre, elle ne fait qu’obéir aux ordres des dieux et la notion de choix, de libre arbitre n’est pas évoquée par Sophocle.

 

                               Au contraire de tout cela, Anouilh écrit une pièce totalement « désacralisée ». Le geste d’Antigone perd toute sa valeur religieuse, et d’ailleurs la loi de Créon a été faite dans un but politique car cela lui permettait de réunir les thébains autour d’Etéocle. Le comble est même que l’on ne peut pas reconnaître les corps et donc que l’on ne sait même pas lequel des deux frères est sans sépulture ! Dans ce nouveau contexte, le geste d’Antigone prend une autre dimension et lorsque Créon lui demande :  « Pourquoi fais-tu ce geste alors ? », Antigone répond :  « Pour personne. Pour moi. » C’est donc ici la liberté de l’être humain qui est mise en avant et c’est cette liberté qu’Antigone revendique. Il est toutefois intéressant de noter que cette façon de concevoir l’acte d’Antigone est assez désabusée, voire amère, car en fait cet acte ne sert à rien et il n’a plus aucun sens si ce n’est l’attrait d’Antigone pour la mort ! Le héros est celui qui est prêt à se surpasser et à se sacrifier pour son idéal ou dans un but bien précis. Or Antigone n’agit pas pour les mêmes motifs et cela détruit donc toute la portée morale de la pièce. On pourrait presque dire que cette vision des faits que nous propose Anouilh est une vision de l’absurde.

 

 

 

 

 

 

 

                5. la personnalité d’Antigone :

 

 

 

                Tout d’abord il faut noter qu’Anouilh a insisté pour nous la décrire physiquement : petite, maigre, noiraude, mal peignée. Elle n’a donc pas la beauté traditionnelle des héroïnes ! Et même elle aurait voulu être un garçon !

 

 

 

                Psychologiquement, elle est au début de la pièce très renfermée et elle a agi sans rien dire à personne. Mais les circonstances vont l’obliger à s’expliquer et à discuter. Déjà, dans son enfance, on la trouvait un peu bizarre, elle était même « un peu folle ». Certes elle aime la vie, mais elle n’a pas encore vraiment vécu et donc elle n’a eu aucune compromission à faire car elle est beaucoup trop jeune. Elle a conservé intact tout son orgueil et elle se révolte et se rebelle comme tous les jeunes : elle veut être libre et elle n’admet pas qu’on lui dicte sa conduite. En fait Antigone aurait pu vivre en acceptant ce que Créon lui offre, mais elle trop éprise d’idéal pour accepter une vie qui ne serait pas idéalement parfaite ! Elle sent que la vie use les âmes les plus pures et elle ne veut pas perdre cet absolu ! Donc, si on examine bien la situation, Antigone  décide elle-même de sa mort, c’est donc une forme de suicide et si elle se suicide c’est parce que la vie lui fait peur. N’est-ce pas ici un thème éternel et contemporain à la fois. ? Loin des dieux et des déesses et des hommes manipulés par eux, nous nous trouvons soudain devant une « petite jeune fille » qui refuse de vivre une vie non pas médiocre, mais qui ne serait pas absolument parfaite ! Il n’y a plus grand chose de commun entre l’Antigone de Sophocle et l’Antigone d’Anouilh.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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PREPARATION A L’ORAL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                            Biographie et Œuvre de Jean Anouilh

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                            Cinq examens méthodiques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                            Devoir n°1

 

 


 

 

 

 

Biographie et œuvre de Jean Anouilh

 

 

 

 

 

                   Anouilh est né  à Bordeaux en 1910 . Ses parents s’insrtallent à Paris alors qu’il a huit ans. Il écrit ses premiers essais dramatiques à 12 ans et il commence des études de droit à Paris. Si Anouilh est très discret sur sa vie privée , en revanche il raconte avec enthousiasme la soirée qui a bouleversé toute sa vie : au printemps 1928, Anouilh assiste à la Comédie des Champs Elysées à la représentation de Siegfried , pièce écrite par Giraudoux et il est absolument fasciné. A la suite de ce choc, il décide lui-même de se mettre à écrire. Mais pour gagner sa vie il travaille dans une maison de publicité , où travaille aussi Prévert. Puis il devient le secrétaire de Louis Jouvet  et il entre ainsi dans le milieu théâtral.

 

                               Ses premières années sont difficiles et ses pièces n’ont que peu de succès :

 

                                                               -L’Hermine  en 1932

 

                                                               - La Mandarine  en 1933

 

                                C’est en 1937 que la reconnaissance du public lui est enfin accordée avec la pièce Voyageur sans bagage.

 

                               Son écriture est très prolifique et il divisera lui-même l’ensemble de son oeuvre selon le schéma suivant :

 

                               1 )  Pièces roses : - Humulus

 

                                                                 - le muet

 

                                                                 - Le bal des voleurs

 

                                                                 - Le rendez-vous de Senlis

 

                                                                 - Leocadia

 

 

 

                               2 ) Pièces noires : -L’Hermine

 

                                                                 -La Sauvage

 

                                                                 - Le voyageur sans bagage

 

                                                                 - Eurydice

 

 

 

                               3 )Nouvelles pièces noires : - Jézabel

 

                                                                                  - Antigone

 

                                                                                   - Roméo et Jeannette

 

                                                                                   - Médée

 

 

 

                               4 ) Pièces brillantes : - L’Invitation au château

 

                                                                       - Colombe

 

                                                                       - La Répétition ou l’Amour Puni

 

                                                                       - Cécile ou l’Ecole des Pères

 

 

 

                               5 ) Pièces costumées : - l’Alouette

 

                                                                        - Becket ou l’Honneur de Dieu

 

                                                                        - La Foire de l’Empoigne

 

 

 

                               6 )  Pièces grinçantes : - Ardèle ou La Marguerite

 

                                                                         - La Valse des Toréadors

 

                                                                         - Ornifle ou Le Courant d’Air

 

                                                                         - Pauvre Bitos ou Le Dîner de Têtes

 

                                                                        

 

 

 

                               7 ) Nouvelles pièces grinçantes :- L’huluberlu ou le Réactionnaire Amoureux

 

                                                                                              - La Grotte

 

                                                                                              - L’Orchestre

 

                                                                                              - Le Boulanger, la Boulangère et le Petit Mitron

 

                                                                                              - Les Poissons Rouges ou Mon Père ce Héros

 

 

 

                Cette liste n’est pas exhaustive, mais elle vous donne une idée de l’importance de l’oeuvre d’Anouilh. De plus c’est à travers son oeuvre que Anouilh a voulu se faire connaître c’est pourquoi il n’y a ici que peu de détails sur sa vie privée, qu’il cachait d’ailleurs jalousement. Nous retiendrons de cette liste l’antithèse entre le noir et le rose, le brillant et le grinçant, avec une nette prédominance du « noir ». Car, en dépit d’une certaine fantaisie, Anouilh est profondément pessimiste. Son oeuvre se présente comme une révolte à tout ce qui porte atteinte à la pureté des êtres.: C’est à dire :

 

                               - révolte contre la tyrannie de l’argent.

 

                               - révolte de l’adolescent contre les laideurs de l’existence

 

                               - révolte contre l’impossibilité de l’amour éternel

 

                               - révolte contre la vie elle-même dans Antigone

 

 

 

 

 

        

 

 

 

 

 

 

 

 

 

cinq examens méthodiques      

 

 

 

 

 

 

 

1 . Examen méthodique n°1

 

 

 

 

 

                               Tirade du choeur :

 

 

 

                               « Et voilà. Maintenant le ressort est bandé. Cela n’a plus qu’à se dérouler tout seul. C’est cela qui est commode dans la tragédie. On donne le petit coup de pouce pour que cela démarre, rien, un regard pendant une seconde à une fille qui passe et lève le bras dans la rue, une envie d’honneur un beau matin, au réveil, comme de quelque chose qui se mange, une question de trop qu’on pose un soir...C’est tout. Après on n’a plus qu’à laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul. C’est minutieux, bien huilé depuis toujours. La mort, la trahison , le désespoir sont là, tout prêts, et les éclats, et les orages, et les silences , tous les silences : le silence quand le bras du bourreau se lève à la fin, le silence au commencement quand les deux amants sont nus l’un en face de l’autre pour la première fois, sans oser bouger tout de suite, dans la chambre sombre, le silence quand les cris de la foule éclatent autour du vainqueur, et on dirait un film dont le son s’est enrayé, toutes ces bouches ouvertes dont il ne sort rien, toute cette clameur qui n’est qu’une image, et le vainqueur, déjà vaincu, seul au milieu de son silence...

 

                               C’est propre, la tragédie. C’est reposant, c’est sûr...Dans le drame, avec ces traîtres, avec ces méchants acharnés, cette innocence persécutée, ces vengeurs, ces terre-neuve, ces lueurs d’espoirs, cela devient épouvantable de mourir, comme un accident. On aurait peut-être pu se sauver, le bon jeune homme aurait peut-être pu arriver à temps avec les gendarmes. Dans la tragédie on est tranquille. D’abord on est entre soi. On est tous innocents en somme ! Ce n’est pas parce qu’il y en a un qui tue et l’autre qui est tué. C’est une question de distribution. Et puis surtout, c’est reposant, la tragédie, parce qu’on sait qu’il  n’y a plus d’espoir, le sale espoir ; qu’on est pris, qu’on est enfin pris comme un rat, avec tout le ciel sur son dos, et qu’on n’a plus qu’à crier( pas à gémir, non, pas à se plaindre, non ) à gueuler à pleine voix ce qu’on avait à dire et qu’on ne savait peut-être même pas encore. Et pour rien : pour se le dire à soi, pour l’apprendre soi. Dans un drame, on se débat parce qu’on espère en sortir. C’est ignoble, c’est utilitaire. Là, c’est gratuit. C’est pour les rois. Et il n’y a plus rien à tenter, enfin ! »

 

 

 

 

 

 

 

Questions :

 

 

 

                1 ) A quel moment de la pièce le choeur fait-il cette tirade ?

 

 

 

                2 ) Relevez les tournures impersonnelles et dites leur rôle

 

 

 

                3 ) Faites des recherches pour illustrer la comparaison qui est ici menée entre le drame et la tragédie

 

 

 

 

 

Réponses :

 

 

 

                1 ) Cet extrait se situe à peu près au milieu de la pièce. Tout est déjà fait : malgré l’interdiction de Créon, Antigone est allée enterrer son frère ; elle n’avait pas été prise la première fois, mais elle y est retournée, et cette fois elle a été arrêtée. Créon est bien obligé de la faire exécuter. A ce moment   l’action est interrompue par ce long monologue du choeur.

 

 

 

               

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2 ) Ce texte contient de nombreuses marques impersonnelles :

 

nemploi fréquent de pronoms personnels neutres :cela , on , une question qu’on se pose, c’est tout.....

 

nphrase de type nominal au début du texte : et voilà.

 

nutilisation de substantifs de type général :mort, trahison, désespoir qui indiquent des sentiments mais sans donner le sujet qui éprouvent ces sentiments

 

nDe plus l’auteur, pour parler de la tragédie, la compare implicitement à une machine neutre et impersonnelle puisqu’il dit : ressorts, ça roule tout seul, bien huilée...

 

 

 

                3 ) Comparaison tragédie / drame

 

 

 

                                               Le drame oppose les valeurs morales et crée une confrontation entre les méchants et les gentils ; celui qui commet le mal est puni et le bon récompensé. Il en est ainsi car, dans le drame, l’être humain est capable de faire agir sa liberté et sa volonté

 

                                               Mais tout autre est la tragédie : en effet, la tragédie ne se place pas sur un plan moral : le meurtrier n’est pas plus coupable que la victime puisqu’ils sont tous les deux soumis au poids de la fatalité, du destin qui les entraîne malgré. Il n’y a donc pas de vainqueur ; tout le monde est vaincu par le mécanisme qui écrase les hommes. La tragédie présente des êtres qui n’ont aucune liberté, et qui ne peuvent que subir lucidement leur malheur

 

                                               Quelques tragédies célèbres :

 

nPhèdre de Racine ( XVII ème siècle)

 

nIphigénie de Racine

 

nPolyeucte de Corneille ( XVII ème siècle )

 

nHorace de Corneille

 

                C’est au XXVII ème siècle que le genre tragique connut son heure de gloire, mais il fut détrôné au XIXème siècle notamment par Victor Hugo qui, dans la préface de sa pièce Cromwell définit le drame romantique.

 

                                               Quelques drames romantiques célèbres :

 

nHernani de Hugo

 

n Lorenzaccio de Musset

 

n Ruy Blas de Hugo

 

                                                                     Les Burgraves de Hugo

 

 

 

Présentation de l’étude méthodique :

 

 

 

                I - Introduction : Anouilh s’est inspiré de Sophocle et du mythe d’Antigone pour poser le problème de la liberté humaine. Dans cette pièce , la légende sert de point de départ : Antigone a enterré, contre les ordres de Créon, son frère Poynice et elle vient d’être arrêtée par les gardes. Ce moment est crucial pour l’intrigue car bien que nous soyons dans une tragédie où le suspense n’existe pas, le spectateur s’interroge sur les réactions de Créon et d’Antigone : c’est pourquoi le choeur, trace du théâtre grec, va ici commenter ce que chacun ressent : le poids de la fatalité .

 

 

 

                II - Lecture de l’extrait :

 

 

 

                III - Présentation des axes d’étude :

 

                              

 

                               a ) Définition de la tragédie

 

 

 

                               b ) Etude des termes de l’énonciation ( notamment les pronoms personnels )

 

 

 

                IV - conclusion : Anouilh marque ici sa différence avecses modèles et donne de la tragédie un aspect moderne capable de toucher le public de son époque

 

               

 

 

 

 

 

 

 

2 . Examen méthodique n°2 :

 

 

 

                        Paroles de Créon : ( pages 68 et 69 ) à Antigone

 

 

 

            « L’orgueil d’Oedipe. Tu es l’orgueil d’Oedipe. Oui, maintenant que je l’ai retrouvé au fond de tes yeux, je te crois .Tu as dû penser que je te ferais mourir. Et cela  te paraissait un dénouement tout naturel pour toi, orgueilleuse ! Pour ton père non plus ( je ne dis pas le bonheur, il n’en était pas question ) le malheur humain c’était trop peu. L’humain vous gêne aux entournures dans la famille. Il vous faut un tête à tête avec le destin et la mort. Et tuer votre père et coucher avec votre mère et apprendre tout cela après, avidement, mot par mot. Quel breuvage, hein, les mots qui vous condamnent ? Et comme on les boit goulûment quand on s’appelle Oedipe ou Antigone. Et le plus simple après c’est encore de se crever les yeux et d’aller mendier avec ses enfants sur les routes...Eh bien, non ! Ces temps sont révolus pour Thèbes. Thèbes a droit maintenant à un prince sans histoire. Moi, je m’appelle seulement Créon, Dieu merci. J’ai mes deux pieds par terre, mes deux mains ancrées dans mes poches et, puisque je suis roi, j’ai résolu, avec moins d’ambition que ton père, de m’employer tout simplement à rendre l’ordre de ce monde un peu moins absurde, si c’est possible. Ce n’est même pas une aventure, c’est un métier pour tous les jours et pas toujours drôle, comme tous les métiers. Mais puisque je suis là pour le faire, je vais le faire...Et si demain un messager crasseux dévale du fond des montagnes pour m’annoncer qu’il n’est pas très sûr non plus de ma naissance, je le prierai tout simplement de s’en retourner d’où il vient et je ne m’en irai pas pour si peu regarder ta tante sous le nez et me mettre à confondre les dates. Les rois ont autre chose à faire que du pathétique personnel, ma petite fille.

 

 

 

Questions :

 

 

 

                1 ) En quoi consiste exactement la notion « d’orgueil » ?

 

 

 

                2 ) Comment Créon conçoit-il son rôle de roi ?

 

 

 

                3 ) Etudiez le style de cette tirade.

 

 

 

Réponses :

 

 

 

1 ) la tirade de Créon commence par la répétition des mots « orgueil » et « orgueilleuse » : en fait l’orgueil consiste surtout à vouloir être au-dessus du genre humain, non pas pour le commander, mais parce que l’on refuse la banalité et la petitesse liées à la condition humaine. Les grecs estimaient que c’était une très grave faute de vouloir se hisser au-dessus de la condition humaine et ils pensaient que les dieux punissaient sévèrement cette attitude de l’homme refusant son statut : c’est la notion « d’ubris », c’est à dire la démesure.

 

                En fait Créon reproche à Antigone de chercher l’exceptionnel ou le sublime sans se soucier des conséquences que cela entraînera pour ceux qui l’entourent : il rappelle les malheurs que Thèbes a subis à cause d’Oedipe et de Jocaste. Les héros tragiques ressentent profondément ce fossé entre eux et les autres et ils en tirent gloire et c’est cela que Créon critique.

 

 

 

2 ) A cet orgueil démesuré, il oppose, lui, son « ambition », beaucoup plus limitée, mais aussi plus humaine. Il insiste volontairement sur l’aspect quotidien de son rôle : être roi, c’est un « métier », que l’on doit faire « tout simplement ».

 

Toutefois notons la vigueur et le courage avec lesquels Créon refuse de se laisser entraîner dans la spirale du malheur. « Eh bien, non. Ces temps sont révolus . » Il estime donc que son rôle est de « remettre de l’ordre » dans ce monde afin qu’il soit moins absurde. Nous remarquerons que c’est une notion moderne, cette absurdité du monde, notion qui n’a rien à voir avec les modèles antiques, car pour les anciens le monde est soumis aux volontés des dieux donc il n’est pas absurde, il a quand même un sens. C’est au XX ème siècle que le théâtre de l’absurde essaie de montrer l’absence de « sens ». Cette idée nous renvoie au mythe de Sysiphe qui fait éternellement un travail pénible mais surtout inutile et sans aucun sens.

 

D’ailleurs Créon n’éprouve aucun plaisir ni aucune satisfaction car « ce n’est pas toujours drôle ». Il se présente un peu comme un ouvrier qui aurait une tâche précise à remplir et qui ne se poserait pas de question sur le bien-fondé de cette tâche. Donc Créon assume des responsabilités qui lui déplaisent et il doit parfois faire des choses qui le gênent mais qui lui semblent utiles voire nécessaire. On ne peut pas être au pouvoir sans se « salir les mains », et cette théorie nous rappelle «  Les Mains Sales» de Jean Paul Sartre.

 

 

 

3 ) Le style de cette tirade est intéressant car il y a un décalage entre la grandeur des thèmes abordés et la simplicité, voire la familiarité des mots employés. L’orgueil gêne Antigone et Oedipe « aux entournures » et Créon refuse de regarder sa femme « sous le nez ».Créon utilise donc un style parlé réaliste et familier, qui s’oppose totalement au style noble et relevé propre à la tragédie. Si anouilh choisit délibérément de faire parler ses personnages comme n’importe qui , c’est pour abolir la distanciation qui pourrait s’instaurer entre les héros de la pièce et les spectateurs.Pour mieux convaincre, il use de tous les moyens possibles et le meilleur est encore de nous dire crûment et vertement les choses ! C’est peut-être une façon de dédramatiser les faits, mais paradoxalement, ce langage dépouillé met en valeur la dureté tragique : loin des grandes phrases rhétoriques, la puissance tragique est à son paroxysme.

 

 

 

 

 

Présentation de l’étude méthodique:

 

 

 

I - Introduction : Le grand dialogue - débat  entre Créon et Antigone a commencé. Créon cherche à persuaser Antigone  qu’elle a eu tort d’aller contre ses lois et il lui explique pourquoi il a lancé cet édit. Il pense encore qu’il peut y avoir un accord entre lui et Antigone.

 

 

 

II - Lecture de l’extrait :

 

 

 

III - Annonce des axes :

 

 

 

                a ) présentation de la notion « d’orgueil »

 

 

 

                b ) le rôle de roi selon Créon

 

 

 

IV - Conclusion : le langage familier et les termes simples ne doivent pas cacher l’importance de cette discussion, ni les enjeux en cours.

 

 

 

 

 

 

 

Examen méthodique n° 3 :

 

 

 

CREON : Tu m’amuses!

 

 

 

ANTIGONE : Non. Je vous fais peur ! C’est pour cela que vous essayez de me sauver. Ce serait tout de même plus commode de garder une petite Antigone vivante et muette dans ce palais. Vous êtes trop sensible pour faire un bon tyran, voilà tout. Mais vous allez me faire mourir tout de même tout à l’heure, vous le savez, et c’est pour cela que vous avez peur. C’est laid un homme qui a peur.

 

 

 

CREON : Eh bien , oui, j’ai peur d’être obligé de te faire tuer si tu t’obstines. Et je ne le voudrais pas.

 

 

 

ANTIGONE : Moi, je ne suis pas obligée de faire ce que je ne voudrais pas. Vous n’auriez pas voulu , peut-être, non plus refuser une tombe à mon frère? dites-le donc , que vous ne l’auriez pas voulu ?

 

 

 

CREON : Je te l’ai dit.

 

 

 

ANTIGONE : Et vous l’avez fait tout de même. Et maintenant vous allez me faire tuer sans le vouloir . Et c’est cela être roi !

 

 

 

CREON : oui, c’est cela.

 

 

 

ANTIGONE : Pauvre  Créon, avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m’ont faits au bras, avec ma peur qui tort le ventre, moi je suis reine !

 

 

 

CREON : Alors, aie pitié de moi, vois. Le cadavre de ton frère qui pourrit sous mes fenêtres, c’est assez payé pour que l’ordre règne dans Thèbes. Mon fils t’aime. Ne m’oblige pas à payer avec toi encore. J’ai assez payé

 

 

 

ANTIGONE : Non! vous avez dit « oui » vous ne vous arrêterez jamais de payer maintenant.

 

 

 

CREON : Mais, bon Dieu !Essaie de comprendre une minute, toi aussi, petite idiote ! Il faut pourtant qu’il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu’il y en aient qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère....et le gouvernail est là qui ballotte. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’ à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable rien que pour eux avec toute la provision d’eau douce pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer, et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble , parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu alors qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il fait dire «  oui » ou « non », de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on se dresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant nous; le vent qui vous gifle et la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom. C’était peut-être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a plus de nom et toi non plus tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu comprends cela ?

 

 

 

Questions :

 

 

 

                1 ) Comment Créon conçoit-il la politique ?

 

 

 

                2 ) Commentez la phrase d’Antigone :  «  Vous avez dit : oui. »

 

 

 

                3 ) En quoi cette scène est-elle très éloignée du modèle antique de la pièce ?

 

 

 

Réponses :

 

 

 

                1 ) Créon expose sa théorie sur la politique à partir d’une longue métaphore filée, c’est à dire à partir d’une image qui se développe sur presque tout le paragraphe de sa réplique. Le pays est un navire et les sujets du roi sont les matelots sur ce navire dont le roi est le commandant  Or « cela prend l’eau de toutes parts », il faut donc que certains acceptent d’agir, de. «  se mouiller » comme dit le langage argotique. La politique apparaît donc comme un métier odieux, car pour gouverner il faut se plier à la raison d’état et ne pas hésiter à sacrifier des gens pour le bien supérieur du pays. . Alors le roi ne peut pas se permettre de faire des distinctions entre les sujets. Ils représentent pour lui une masse sans nom et sans individualité Quand il faut redresser la barre ou rétablir l’ordre dans la cité, il n’a ni le temps ni les moyens d’agir au nom d’une quelconque justice

 

                La politique est donc une histoire sordide, aucun pouvoir n’est pur ! Ces paroles prennent tout leur poids lorsque l’on se rappelle qu’elles ont été écrites pendant l’occupation allemande...

 

 

 

                2 ) Que signifie exactement le « oui » que Créon a dit ?

 

                Créon a accepté le poste de roi ( notons qu’Anouilh efface volontairement l’aspect de royauté héréditaire qui ferait de Créon un homme sans aucune liberté, obligé d’honorer sa place ). En acceptant ainsi ce rôle, il se sent donc entièrement responsable, c’est à dire qu’il doit répondre de ses actes et en assumer toutes les conséquences, quelles qu’elles soient : ainsi il avait ordonné que soit mis à mort quiconque tenterait d’ensevelir Etéocle, et il ne peut pas faire la moindre exception, même pour Antigone. En prenant ce rôle, Créon doit faire taire ses inclinations personnelles et il doit avoir le courage d’aller jusqu’au bout ., ce qui est très douloureux pour lui, c’est pourquoi il supplie Antigone :  « Aie pitié de moi ! ».

 

 

 

                3 ) Cette scène de la tragédie antique car Anouilh « gomme » tout le poids du destin en présentant Créon comme un être humain libre de son choix d’accepter ou pas .Certes, après avoir accepté, Créon n’a plus la liberté d’agir comme il le voudrait, mais il a été libre d’accepter ou pas. Le théâtre moderne diffère de la pièce antique en ce sens que le destin n’est plus ce qui arrive par la seule volonté des dieux, mais le destin est ce que l’homme fait de sa vie. En fait, la prédestination n’existe plus réellement comme telle, mais l’homme qui s’est construit une ligne de conduite s’oblige de lui-même à la suivre.

 

 

 

 

 

                Présentation de l’étude méthodique :

 

 

 

                I - Introduction : Créon n’arrive pas à convaincre Antigone et l’affrontement devient de plus en plus dur . Dans cet ectrait les deux personnages proposent des conceptions contradictoires de la vie et le spectatzeur comprend bien , ou ressent bien, qu’aucune compréhension n’est possible entre les deux protagonistes.

 

 

 

                II - Lecture de l’extrait :

 

 

 

                III - Annonce des axes :

 

 

 

                               a ) Que signifie «  dire Oui » pour Créon ?

 

 

 

                               b ) Comparaison de cette scène avec les modèles antiques.

 

 

 

                IV - Conclusion : Deux conceptions s’affrontent ici : Antigone devient de plus en plus « grande », c’est à dire qu’elle affirme sa pensée contre celle de Créon et qu’elle attaque le monde de la politique de compromission.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Examen méthodique n°4 : ( pages 93 et 94 )

 

 

 

Créon : Tu aimes Hémon ?

 

Antigone : Oui, j’aime Hémon. J‘aime un Hémon dur et jeune, un Hémon exigeant et fidèle comme moi. Mais si votre vie, votre bonheur doivent passer sur lui avec votre usure, si Hémon ne doit plus pâlir quand je pâlis, s’il ne doit plus me croire morte quand je suis en retard de deux minutes, s’il ne doit plus se sentir seul au monde et me détester quand je ris sans qu’il sache pourquoi, s’il doit devenir près de moi le monsieur Hémon, s’il doit apprendre à dire « oui » lui aussi,alors je n’aime plus Hémon.

 

Créon : Tu ne sais plus ce que tu dis. Tais-toi.

 

Antigone : Si, je sais ce que je dis, mais c’est vous qui ne m’entendez plus. Je vous parle de trop loin maintenant, d’un royaume où vous ne pouvez plus entrer avec vos rides, votre sagesse, votre ventre. Ah! Je ris, Créon, je ris parce que je te vois à quinze ans, tout d’un coup! C’est le même air d’impuissance et de croire qu’on peut tout. La vie t’a seulement ajouté tous ces petits plis sur le visage et cette graisse autour de toi.

 

Créon ( la secouant ):te tairas-tu enfin ?

 

Antigone :Pourquoi veux-tu me faire taire ? Parce que tu sais que j’ai raison ? Tu crois que je ne lis pas dans tes yeux que tu le sais ? Tu sais que j’ai raison mais tu ne te l’avoueras jamais parce que tu es en train de défendre ton bonheur en ce moment comme un os.

 

Créon : Le tien et le mien, oui, imbécile !

 

Antigone : Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu’ils trouvent. et cette petite chance pour tous les jours, si on n’est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d’un petit morceau si j’ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd’hui et que cela soit aussi beau que quand j’étais petite, ou mourir.

 

 

 

Questions :

 

 

 

                1 ) Comment Antigone conçoit-elle le bonheur ?

 

 

 

2)En quoi peut-on dire qu’Antigone symbolise la jeunesse ?

 

 

 

3 ) Pourquoi Créon manifeste-t-il un certain énervement ?

 

 

 

 

 

Réponses :

 

 

 

                1 ) Le bonheur est un thème central dans l’œuvre de Jean Anouilh.  Il fait dire à l’un de ses personnages, dans Eurydice, «  Il y a deux races d’êtres : une race nombreuse, féconde, heureuse, une grosse pâte à pétrir qui mange son saucisson, fait ses enfants, pousse ses outils, compte ses sous bon an mal an, malgré les épidémies, les guerres, jusqu'à la limite d’âge ; des gens pour vivre, des gens pour tous les jours ; Et puis il y a les autres, les nobles, les héros. »Les premiers acceptent toutes les difficultés de la vie et surtout ils acceptent que tout ne soit pas parfait : ils se résignent et se contentent de la part de bonheur que la vie veut bien leur accorder : ils ne sont pas exigeants ! Et puis il y a les autres, dont fait partie Antigone, qui ne supportent pas que la vie ne soit pas parfaite, qui n’acceptent qu’elle ne réponde pas à tous leurs rêves, qui recherchent un bonheur absolu et qui sont totalement intransigeants. Ainsi Antigone veut tout, et tout de suite, elle n’accepte aucune compromission. C’est ici une attitude fondamentalement différente de la morale chrétienne qui nous pousse à reconnaître la faiblesse de l’homme et à l’admettre. Les héros tragiques refusent «  en bloc » et préfèrent la mort à une vie médiocre. L’amour , en particulier doit être une passion absolue ! Ce que le commun des mortels appelle bonheur, n’est pour Antigone qu’une espèce de « cuisine » dont elle ne veut pas. C’est parce qu’Antigone est celle qui dit « Non. », par rapport à Créon qui dit « Oui. » qu’elle prend une dimension surhumaine : en fait Antigone, chez Anouilh, va au suicide car elle ne veut pas d’une vie qui ne correspondrait pas à ses attentes, alors que l’Antigone de Sophocle mourait parce que c’était la volonté des dieux. Quelle différence entre ces deux thèses !

 

 

 

                2 ) Antigone symbolise la jeunesse justement parce qu’elle refuse les compromissions : il faut être très jeune pour croire que dans la vie tout se passe comme dans les rêves d’enfant. Antigone ne veut pas « grandir » et voir la vie telle qu’elle est, elle veut conserver la magie de l’enfance. Car vieillir, c’est comprendre peu à peu que ce à quoi nous croyions ,n’était qu’illusion, c’est accepter que les hommes mentent, c’est accepter que les hommes ont leurs défauts et qu’il faut bien « faire avec » si l’on veut survivre sans être désespéré. La maturité ne serait que le stade où l’oncomprend enfin que rien n’est parfait, que rien n’est éternel, que rien n’est absolu. En prenant conscience que la vie n’est pas ce qu’elle paraît être et qu’ elle n’est pas si simple qu’on le croit quand on est enfant, Antigone  refuse de quitter ce paradis enfantin et préfère mourir. Nous noterons combien lui est pénible la révélation de Créon sur la véritable nature de ses frères. La « petite » Antigone admirait et aimait ses frères, ne voyant d’eux que ce qu’ils voulaient bien lui laisser paraître et ce qu’elle était en mesure de comprendre : elle ne veut pas accepter la vérité ! C’est ce refus qui symbolise la jeunesse qui n’est pas encore flétrie par les compromissions de la vie.

 

 

 

                3 ) Face à cette intransigeance, Créon manifeste un énervement certain : «  Te tairas-tu, enfin ! » dit-il en la secouant. Si il cherche à la faire taire, c’est que ses propos lui déplaisent fortement . Pourquoi ? Parce qu’il ressent bien qu’elle a raison, il se retrouve, jeune et intransigeant lui aussi, mais s’il reconnaît qu’elle a raison, cela signifie que sa vie ne sert à rien, qu’on ne fait qu’aller de déchéance en déchéance en vieillissant et cette vérité, il ne pas l’admettre. Or, il n’a aucun argument valable pour détruire ce qu’elle dit, il est donc obligé d’avoir recours aux insultes, preuves même de son incapacité : « imbécile ! »

 

 

 

 

 

Présentation de l’étude méthodique :

 

 

 

                I - Introduction : En dernier recours, Créon cherche à fléchir Antigone en lui faisant miroiter le bonheur qu’elle peut vivre avec Hémon. Créon lance ici ses derniers arguments ! S’il ne convainc pas Antigone, il devra la faire mourir.

 

 

 

                II - Lecture de l’extrait :

 

 

 

                III - Annonce des axes :

 

 

 

                               a ) La notion du bonheur selon Antigone

 

 

 

                               b ) La jeunesse d’Antigone

 

 

 

                IV - Conclusion : Cette scène marque définitivement l’échec de Créon face à la philosophie d’Antigone. Cette remise en questio des valeurs banales et du bonheur bourgeois tranquille est un des thèmes récurrents dans l’oeuvre d’Anouilh.

 

 

 

 

 

 

 

Examen méthodique n°5 ( pages 118 et 119 )

 

 

 

Le messager : Une terrible nouvelle. On venait de jeter Antigone dans son trou. On n’avait pas encore fini de rouler les derniers blocs de pierre lorsque Créon et tous ceux qui l’entourent entendent des plaintes qui sortent soudain du tombeau. Chacun se tait et écoute car ce n’est pas la voix d’Antigone. C’est une plainte nouvelle qui sort des profondeurs du trou... Tous regardent Créon, et lui qui a deviné le premier, lui qui sait déjà avant tous les autres, hurle soudain comme un fou : « Enlevez les pierres ! Enlevez les pierres ! » Les esclaves se jettent sur les blocs entassés et , parmi eux, le roi, suant, dont les mains saignent. Les pierres bougent enfin et le plus mince se glisse dans l’ouverture. Antigone est au fond de sa tombe, pendue aux fils de sa ceinture, des fils bleus, des fils verts, des fils rouges qui lui font comme un collier d’enfant et Hémon à genoux qui la tient dans ses bras et gémit, le visage enfoui dans sa robe. On bouge un bloc encore et Créon peut enfin descendre. On voit ses cheveux blancs dans l’ombre au fond du trou. Il essaie de relever Hémon, il le supplie. Hémon ne l’entend pas. Puis soudain il se dresse, les yeux noirs, et il n’a jamais tant ressemblé au petit garçon d’autrefois, il regarde son père sans rien dire, une minute, et, tout à coup, il lui crache au visage et tire son épée. Créon a bondi hors de portée. Alors Hémon le regarde avec ses yeux d’enfant, lourds de mépris, et Créon ne peut éviter ce regard comme la lame. Hémon regarde ce vieil homme tremblant à l’autre bout de la caverne et, sans rien dire, il se plonge l’épée dans le ventre et il s’étend contre Antigone, l’embrassant dans une immense flaque rouge.

 

 

 

 

 

 

 

Questions :

 

 

 

                1 ) En quoi cette scène est-elle plus romanesque que théâtrale ?

 

 

 

                2 ) Etudiez les champs lexicaux de la vieillesse et de la jeunesse : quelles remarques pouvez-vous faire ?

 

 

 

                3 ) Quelle morale tirez-vous de cette scène ( presque finale ) ?

 

 

 

 

 

Réponses :

 

 

 

                1 ) Selon les règles de la bienséance, établies par Corneille au XVII ème siècle, il n’est pas convenable de représenter la mort d’un personnage directement sur scène : il est donc convenu que la mort survient hors de la scène et qu’elle est rapportée par un personnage ayant assisté aux événements, et qui vient les raconter aux autres personnages, et en même temps aux spectateurs, selon le système de la double énonciation au théâtre.. La tirade du messager est donc construite comme une scène de roman : bien que les faits aient déjà eu lieu, le récit se fait au présent, dit de narration. De plus les verbes d’action et de mouvement sont très nombreux ( regardent, bouge, se glisse, etc.). La fin de cette tirade se présente comme une scène de film avec les deux personnages qui s’opposent, l’instant de « suspense » quand on croit que Hémon va tuer son père et enfin le suicide inattendu et le geste théâtral d’Hémon qui s’étend contre Antigone.

 

 

 

                2 ) Anouilh insiste sur la jeunesse d’Hémon : « il n’a jamais tant ressemblé au petit garçon d’autrefois » ou «  Hémon le regarde avec ses yeux d’enfant » et cette jeunesse fait écho à celle d’Antigone qui porte comme un « collier d’enfant ». A cela s’oppose Créon avec « ses cheveux blancs », qui n’est plus « que ce vieil homme tremblant ». Certes, cette scène confirme l’idée générale selon laquelle seuls les jeunes sont capables d’être des héros refusant les compromissions du monde, mais on sent poindre une certaine pitié pour Créon qui reste maintenant seul avec ses souvenirs, puisque sa femme Eurydice va aussi se suicider quand elle apprendra la mort de son fils. En cela Anouilh suit les règles traditionnelles de la tragédie qui veulent que la pièce , non seulement se termine mal, mais encore qu’elle se termine le plus mal possible : ici trois personnages vont mourir et celui qui reste n’est plus qu’un vieillard seul aidé par son page.

 

 

 

                3 ) Anouilh a-t-il voulu faire passer un certain message à travers cette pièce ? Certes le spectateur, dans un premier temps admire le courage d’Antigone ( puis celui d’Hémon ) qui refusent une vie qui ne leur convient pas. Mais peut-être un certain agacement apparaît-il lorsque Créon cherche si manifestement à sauver Antigone, même si ses propos sont maladroits. L’entêtement d’Antigone peut être ressenti comme de l’acharnement et l’on finit par ne plus savoir qui sont les gentils et qui sont les méchants ; d’ailleurs y a-til des gentils et des méchants ? N’y a-t-il pas plutôt que de pauvres êtres humains qui cherchent désespérément comment faire pour vivre. Le manichéisme n’est pas la philosophie d’Anouilh et la morale de la pièce est une interrogation et pas une réponse

 

 

 

 

 

Présentation de l’étude méthodique :

 

 

 

                I - Introduction : Le destin a frappé et toutes ses prédictions semblent s’être réalisées : Antigon,e a enseveli Polynice, Créon l’a condamnée à mort ! Mais le destin va au paroxysme . C’est ce que le Messager annonce.

 

 

 

                II - Lecture de l’extrait :

 

 

 

                III - Annonce des axes :

 

 

 

                               a ) aspect romanesque du texte

 

 

 

                               b ) Quelle est la morale de cette pièce ?

 

 

 

                IV - Conclusion: Le texte mérite bien ici le nom de « tragédie » car non seulement il finit mal, mais le suicide d’Hémon donne un aspect exceptionnel à cette fin : cela ne se finit pas mal, cela se finit le plus mal possible puisque même Eurydice, absente tout au long de la pièce se suicide aussi : seul reste Créon.  Qu’en pensez-vous, personnellemnt? ( cette question pourrait vous être posée lors de l’entretien à l’oral )

 

 

 

 

 

 

 

DEVOIR N°1 :

 

 

 

                Présentez un examen méthodique de texte suivant :

 

 

 

                Tirade de Créon :                (pages 88 et 89 )

 

 

 

                               C’était après cette dispute. Ton père n’a pas voulu le ( Polynice ) faire juger. Il s’est engagé dans l’armée argyenne. Et, dès qu’il a été chez les Argyens, la chasse à l’homme a commencé contre ton père, contre ce vieil homme qui ne se décidait pas à mourir, à lâcher son royaume. Les attentats se succédaient et les tueurs que nous prenions finissaient toujours par avouer qu’ils avaient reçu de l’argent de lui. Pas seulement de lui, d’ailleurs. Car c’est cela que je veux que tu saches, les coulisses de ce drame où tu brûles de jouer un rôle, la cuisine. J’ai fait faire hier des funérailles grandioses à Etéocle. Etéocle est un héros et un saint pour Thèbes, maintenant. Tout le peuple était là. Les enfants des écoles ont donné tous leurs sous de leur tirelire pour la couronne ; des vieillards faussement émus o,nt magnifié avec des trémolos dans la voix, le bon frère, le fils fidèle d’Oedipe, le prine loyal. Moi aussi, j’ai fait un discours. Et tous les prêtres de Thèbes au grand complet, avec la tête de circonstance. Et les honneurs militaires...Il fallait bien. Tu penses que je ne pouvais tout de même pas m’offrir le luxe d’une crapule dans les deux camps. Mais je vais te dire quelque chose, à toi, quelque chose que je sais seul, quelque chose d’effroyable : Etéocle, ce prix de vertu, ne valait pas plus cher que Polynice.  Le bon fils avait essayé, lui aussi, de faire assassiner son père, le prince loyal avait décidé, lui aussi, de vendre Thèbes au plus offrant. Oui, crois-tu que c’est drôle ? Cette trahison pour laquelle le corps de Polynice est en train de pourrir au soleil, j’ai la preuve maintenant qu’Etéocle, qui dort dans son tombeau de marbre, se préparait, lui aussi, à la commettre. C’est un hasard si Polynice a réussi son coup avant lui. Nous avions affaire à deux larrons en foire qui se trompaient l’un l’autre en nous trompant et qui se sont égorgés comme deux petits voyous qu’ils étaient, pour un règlement de comptes...Seulement, il s’est trouvé que j’ai eu besoin de faire un héros de l’un d’eux. Alors, j’ai fait chercher leurs cadavres au milieu des autres. On les a retrouvés embrassés, pour la première fois de leur vie sans doute. Ils s’étaient embrochés mutuellement, et puis la charge de la cavalerie argyenne leur avait passé dessus. Ils étaient en bouillie, Antigone, méconnaissables. J’ai fait ramasser un des corps, le moins abîmé des deux, pour mes funérailles nationales, et j’ai donné l’ordre de laisser pourrir l’autre où il était. Je ne sais même pas lequel. Et je t’assure que cela m’est égal.

 

 

 

Méthode :

 

 

 

A )Pour étudier ce texte, répondez aux questions suivantes qui vous aideront à trouver l’essentiel de l’explication :

 

 

 

                               1 ) Cette tirade est totalement inventée par Anouilh et ne doit rien à ses modèles antiques. A votre avis, pourquoi Anouilh a-t-il introduit cela dans sa pièce ?

 

 

 

                               2 ) Peut-on trouver une relation entre ce récit et les faits historiques en 1942 ?

 

 

 

                               3 ) Cette tirade se situe presque au milieu de la pièce. Pourquoi ? En quoi modifie-t-elle la pièce ?

 

 

 

                B ) Préparez votre explication orale, qui doit durer dix minutes, en réorganisant ces remarques selon le plan suivant :

 

nintroduction qui présente la pièce et situe clairement cette extrait dans l’intrigue

 

nannonce de deux ou trois axes de lecture

 

nconclusion qui marque la fin de l’examen méthodique

 

 

 

                C ) pensez aussi à imaginer les questions que l’on pourra vous poser pendant les dix minutes suivantes réservées à l’entretien.

 

 

 

                               Vous avez deux possibilités :

 

nsoit vous envoyez votre étude enregistrée sur une cassette

 

nsoit vous écrivez sur une copie ce que vous diriez à l’oral

 

                ( dans les deux cas pensez que vous avez dix minutes pour faire cette explication le jour de l’oral )

 

 

 

 

 

 

 

                CORRIGE- TYPE

 

 

 

            Ce corrigé vous propose un plan type pour l’oral, mais un plan formel, le contenu pouvant être différent selon vos choix.

 

 

 

                               I - Introduction : Créon cherche à convaincre Antigone qu’elle a eu tort d’aller contre ses lois. Pour cela, il va détruire tout ce à quoi elle croit et il n’hésite pas à dévoiler des aspectsqui prouvent que l’acte d’Antigone n’a aucun sens.

 

 

 

                               II - Lecture e l’extrait :

 

 

 

                               III - Annonce des axes :

 

 

 

                                               a ) Rapports de cette scène avec les événements historiques de 1942

 

 

 

                                               b ) Pourquoi Anouilh a-t-il inventé cette scène, qui n’existe pas dans les modèles antiques ?

 

 

 

                               IV - Conclusion : C’est dans cette scène que tout l’absurde de la pièce apparaît..En fait , la véritable question est de savoir pourquoi Antigone va mourir : sa mort sert-elle à quelque chose, sa mort a-t-elle un sens ?   A vous de répondre à cette question....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PREPARATION A L’ECRIT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                            Méthodologie

 

 

 

 

 

 

 

                            Sujets de dissertations

 

               

 

 

 

                 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SUJETS DE DISSERTATIONS

 

 

 

 

 

  1 . Méthodologie :

 

 

 

                Le sujet peut se présenter sous différentes formes.

 

 

 

                                                               a ) - question

 

                                                               b ) - question avec citation qui oriente le sujet

 

                                                               c ) - citation seule que l’on vous demande de discuter à la lumière de l’oeuvre étudiée..

 

 

 

 

 

                1 . 1 : Il faut d’abord étudier le libellé du sujet afin de cerner la problématique. Par exemple si l’on vous demande « est-ce à une action de dépoussiérage que se livre Anouilh dans Antigone,il ezt essentiel de cerner le sens du mot « dépoussiérage » qui signifie enlever la poussière accumulée par le temps, mais garder l’essentiel de la pensée!

 

 

 

                1 . 2 : Pensez à poser la problématique, c’est à dire la question fondamentale du sujet, et reformulez cette problématique avec vos propres mots afin de montrer que vous avez bien compris le sujet. Par exemple dans le sujet «  le héros mythique est-il un être humain, », vous devez reformuler afin de préciser le sujet : le h éros mythique est par nature un être hors du commun , par sa situation sociale et par son intransigeance, mais il éprouve aussi des désirs et des contradictions tout à fait humaines : donc , dans quelle mesure peut-on retrouver en un seul homme ces deux caractéristiques ?

 

 

 

                1 . 3 : pensez à construire un plan et à donner des références précises, c’est à dire des citations.

 

 

 

 

 

  2 . Sujets de dissertations :

 

 

 

 

 

Sujet n° 1 : «  Lors de la première représentation d’Antigone, en 1944,  l’ affiche portait la mention : tragédie. Pensez- vous que cette pièce appartienne vraiment au genre tragique ?

 

 

 

 

 

Correction sous forme de plan :

 

 

 

Ce sujet, très technique vous oblige à partir de la définition du genre tragique avant de confronter cette définition avec les données de la pièce d’Anouilh :

 

 A )  rappels sur la tragédie grecque et sur ses objectifs : Sophocle a pour but de montrer aux spectateurs des personnages luttant contre les destin représenté par les dieux. Le poids de la fatalité pèse sur les héros qui ne sont plus que des marionnettes entre les mains des dieux tout-puissants      

 

B ) rappel sur les règles de la tragédie proposées par Corneille au XVII ème siècle :

 

- D’abord la séparation des genres et le refus de mêler des scènes comiques avec des scènes tragiques

 

- Ensuite obligation de suivre la règle des «  trois unités »

 

-Unité de temps : l’ensemble de l’intrigue doit se dérouler en vingt quatre heures au maximum

 

-Unité de lieu : toute la pièce doit se situer dans un seul et même décor

 

-Unité d’action : la pièce ne doit développer qu’une seule et même intrigue et ne pas se perdre dans des intrigues secondaires sans intérêt.

 

- La fin de la pièce doit être non seulement tragique, mais le plus tragique possible, sans aucun effet desuspense

 

- Les personnages doivent être de grands personnages : rois, reines ou demi-dieux

 

- Le ton des répliques doit être un ton soutenu, ne sombrant jamais dans le vulgaire

 

- La bienséance doit être respectée : pas de meurtres sur scène, pas de scènes sanglantes directement présentée aux spectateurs

 

-                                                                                                          

 

La comparaison sera étayée par des références précises au texte, selon une organisation logique qui évitera l’énumération pour ne pas lasser le lecteur.

 

 

 

 

 

Sujet n°2 : « Un jeune homme ou une jeune fille  peut-il se retrouver dans le personnage d’Antigone en 1999? »

 

 

 

                Correction sous forme de plan :

 

                I - le projet d’Anouilh était audacieux : comment pouvait-il entraîner dans son sujet relevant du mythe antique des jeunes gens vivant  en 1942 ? A plus forte raison, ce sujet peut-il intéresser des jheunes gens vivant en 1999? quelle est l’actualité de cette pièce ?

 

 

 

                II- Certes une lecture rapide peut nous faire croire que ce sujet est dépassé : où sont les rois et les reines ? Que savons-nous de la légende d’Oedipe? Dans quelle mesure cela nous concerne-t-il? Cette partie mettra en évidence tous les aspacts « antiques » de la pièce, avec des exemples précis.

 

 

 

                III - Mais tous ces propos ne sont-ils pas vraiment actuels ? N’est-ce pa sune interrogation de notre époque? Cette partie exposera tous les aspects « modernes » de la pièce avec des exmples précis.

 

 

 

                IV - Bien que cette pièce paraisse liée aà un mythe antique, elle n’est en réalité que l’expression de nos peurs actuelles et de nos angoisses.

 

 

 

 

 

Quelques propositions de sujets :

 

 

 

1 ° Quelle est, pour vous, l’actualité du mythe dont s’inspire cette pièce ?

 

 

 

2 )Selon Pierre-Henri Simon « l’exploitation moderne des mythes antiques » se fait généralement de la façon suivante : « l’auteur moderne cherche moins à recréer le pathétique de l’ancienne tragédie qu’à y trouver , pour l’intelligence de l’homme du XX ème siècle, un prétexte de réflexion et un jeu de symboles, en l’amusant d’ailleurs par la virtuosité de la transposition » Ces propos s’appliquent-ils à la pièce que vous avez étudiée ?

 

 

 

3 ) Le héros mythique est toujours un être énigmatique. Dans sa pièce Antigone, Anouilh a-t-il gommé ou au contraire accentué ce caractère du personnage ?

 

 

 

4 ) Dans quel mesure le héros mythique est-il un personnage humain ?

 

 

 

5 ) Vous paraît-il indispensable de bien connaître la mythologie et la littérature gréco-romaines pour apprécier pleinement une pièce contemporaine inspirée par un mythe antique ?

 

Vous justifierez votre réponse par une argumentation et des références     précises au texte étudié cette année.

 

 

 

6 )Quelles sont, dans la pièce que vous avez étudiée cette année les relations entre le mythe et le tragique ?

 

 

 

7 ) « Sans la moindre contestation possible, le dernier mot de la pièce demeure à Créon. Supporte et abstiens-toi ; c’est encore ta plus grande chance de n’être pas trop malheureux. » Expliquez et commentez cette phrase.

 

 

 

8 ) « Vivre et rester pur sont-ils conciliables ? Anouilh se le demande depuis qu’il écrit. Il n’est pas le seul » Que pensez-vous de cette phrase de Robert Kemp extraite du Monde ?

 

 

 

9 ) Pensez-vous que c’est à une action de « dépoussiérage » que se livre Anouilh dans Antigone ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelques définitions indispensables : :

 

 

 

Anachronisme : C’est l’introduction d’un personnage , d’un événement ou d’un objetdans une époque qui n’est pas la leur. Par exemple l’allusion aux voitures de sport est un anachronisme puisque cette réalité n’existait pas dans l’antiquité.

 

Bouc émissaire : l’origine du mot « tragédie » est le mot grec tragos qui signifie : bouc. Les cérémonies au cours desquelles étaient représentées les tragédies commençaient par le sacrifice rituel d’un bouc, qui prenait sur lui les péchés de la communauté, qui était ainsi lavée par la mise à mort du bouc. C’était une cérémonie d’expiation.

 

Catharsis : C’est la purgation des passions opérée par la tragédie. Le spectateur ressent devant la situation tragique un sentiment de terreur et de pitié qui le purge de toutes ses passions. La catharsis est le moment de crise.

 

Chœur : Dans l’antiquité, le chœur est composé de quinze personnes et il est dirigé par le choryphée. Son rôle est de commenter l’action et de souligner certains aspects d’ordre moral ou religieux

 

Didascalies : Ce sont toutes les indications de mise en scène notées par l’auteur lui-même dans le texte ( souvent écrites en italique )

 

Double énonciation : particularité du théâtre selon laquelle les paroles prononcées par le personnage s’adressent d’une part aux autres personnages, mais en même temps d’autre part au public

 

Scènes d’exposition : premières scènes d’une pièce de théâtre, qui consistent à présenter le plus rapidement et le plus clairement possible aux spectateurs ,les personnages, le cadre et le début de l’action.

 

Ironie tragique : au théâtre, elle représente l’ignorance dans laquelle se trouve le personnage de sa propre situation, alors que le public connaît cette situation

 

Métaphore : Figure d’analogie qui opère une fusion entre les deux éléments rapprochés, le comparé et le comparant

 

Parodie :imitation d’un genre ou d’un style littéraire par exagération ou déformation de ses traits distinctifs.

 

Pathétique : Tonalité susceptible de provoquer une forte émotion chez le spectateur : la compassion ou la pitié

 

Prologue :Partie de la tragédie antique précédant l’entrée du chœur. Elle correspond à ce que nous appelons l’exposition.

 

Sarcasme :raillerie insultante, ironie mordante

 

Transcendance : Tout ce qui est inaccessible à l’entendement et à l’expérience humaine. Dans la tragédie grecque la transcendance est généralement d’ordre divin, mais dans les adaptations modernes, cette transcendance disparaît pour laisser place à des explications psychologiques, voire psychanalytiques.

 

 

 

 

 

Les différents genres théâtraux :

 

 

 

                La tragédie :

 

                               - personnages nobles

 

                               - cinq actes dans la tradition classique

 

                               - ton et style élevés et tragiques souvent en alexandrins

 

                               - intrigue simple et soumise à la fatalité

 

                               - dénouement tragique ( meurtre, suicide, muitilation, punition... )

 

                               - sentiments des spectateurs : terreur, crainte, pitié...

 

                              

 

 

 

                La  comédie :

 

                               - personnages bourgeois

 

                               - ton et style moyens et mélangés ( incorporation du langage bas et du langage sublime )

 

                               - intrigue traditionnelle centrée sur un caractère

 

                               - dénouement généralement heureux

 

                               - sentiments des spectateurs : moquerie, plaisir, instruction morale

 

 

 

                La tragi-comédie :

 

                               - personnages nobles ou bourgeois

 

                               - ton et style le plus souvent sublimes, mais pouvant parfois être moyens

 

                               - intrigue complexe et souvent romanesque  : grande importance du hasard pour la gestion de l’intrigue.

 

                               - dénouement généralement heureux

 

                               - sentiments des spectateurs : plkaisir du soectacle et sympathie pour les héros.

 

 

 

                Le drame :

 

                               - personnages : nobles, bourgeois et peuple

 

                               - ton et style moyens, parfois sublimes, en tous cas mélangés

 

                               - intrigue s’apparentant à la tragédie  ( soumission à la fatalité ) ou à la comédie  Þ mélange entre les deux dans une double intrigue

 

                               - sentiments du spectateur : admirer, haïr, aimer, être emporté par tel ou tel personnage.

 

 

 

 

 

 

 

                DEVOIR N° 2 :

 

 

 

                        Choisissez l’un des sujets proposés. Présentez-le clairement sur votre copie et traitez-le.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                        Pas de corrigé-type, mais correction personnalisée sur la copie